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lundi 9 octobre 2017

Mythes et tabous de l’adoption 1 : L’abandon est un acte d’amour



Il était une fois deux femmes
Qui ne s'étaient jamais rencontrées.
L'une dont tu ne te souviens pas,
L'autre que tu appelles « Maman ».

Deux vies différentes
Dans l'accomplissement d'une seule, la tienne.
L'une fut ta bonne étoile,
L'autre est ton soleil.

La première te donna la vie,
La seconde t'appris comment la vivre.
La première créa en toi le besoin d'amour,
La seconde fut là pour le combler.

L'une te donna tes racines,
L'autre te donna son nom.
La première te transmit ses dons,
La seconde te proposa un but.

L'une fit naître en toi l'émotion,
L'autre calma tes angoisses.
L'une reçut ton premier sourire,
L'autre sécha tes larmes.

L'une t'offrit en adoption,
C'est tout ce qu'elle pouvait faire pour toi.
L'autre pria pour avoir un enfant,
Et le destin la mena vers toi.

Et maintenant, quand en pleurant,
Tu me poses l'éternelle question,
Héritage naturel ou éducation ?
De qui suis-je le fruit?

Ni de l'une ni de l'autre mon enfant,
Tout simplement de deux formes différentes de l'AMOUR.

C’est beau… #awmonptitcoeurdemaman #larmichette (#toomuch ?)
Après une période où on condamnait les femmes et les hommes qui abandonnent leur bébé, il y a maintenant une tendance à présenter l’abandon comme un acte d’amour.
Il y a la version pays en guerre, abandon pour la protection de l’enfant, que l’on peut trouver dans Kung-Fu panda ou dans le très beau livre Moun de Rascal.

Et pourtant, on n’adopte pas dans les pays en guerre.
Il y a la version pauvreté, abandon pour la survie, celle du petit poucet.

Illustration de Ulises Wensell
Et pourtant, la moitié des enfants adoptés sont français.
Il y a la version de la jeune fille non mariée, qui perdra toute famille, toute existence sociale si elle garde cet enfant hors mariage, et veut pour lui une vraie famille.
Illustration de couverture de Messages de mères inconnues par Xinran
Et pourtant, plus d’enfants qu’on ne l’imagine sont abandonnés par des couples, pas forcément des marginaux, des personnes qui ont une activité professionnelle, une famille.
De l’autre côté on voit des enfants maltraités, affamés, mais pas abandonnés. Alors quoi ? L’équation impossibilité de bien s’occuper de l’enfant => abandon = acte d’amour n’est pas si simple.
L’abandon est sans doute réellement considéré comme un don dans certains cas. Jean-Vital de Monléon parle par exemple très bien la culture polynésienne au sein de laquelle les transferts d’enfants sont courants, considérés comme un don à l’enfant ou aux parents adoptants.


Et puis en tant que parent ou futur parent, on sait les dégâts du manque d’attention et d’affection, on aimerait tant y croire à cet amour, imaginer notre pitchou bien entouré, protéger son estime de lui, lui éviter d’avoir vécu cette douleur.

Illustration de Josée Masse
Il n’en reste pas moins que des femmes et des hommes choisissent de ne pas garder leur enfant. Et certes, c’est un choix qui peut être dicté par des contraintes d’une force voire d’une violence inimaginable. Un choix quand même. Qu’on ne peut sans doute pas, de notre position d’occidentaux privilégiés, appréhender, et encore moins juger.
Mais concrètement, quel choix on fait, nous, sur la façon d’aborder les choses devant notre enfant ?
L’enfant peut avoir été aimé (on ne le sait pas forcément), et abandonné, sans que ce soit lié. Il nous semble qu’il peut être dangereux de trop appuyer cette question d’abandon par amour.
Parce que lui, l’abandon, il l’a ressenti comme un déchirement.
Parce que si l’abandon est un acte d’amour, qu’est-ce qui lui dit que ses parents adoptifs, qui l’aiment beaucoup, ne l’abandonneront pas à leur tour ?
Enfin parce que, si l’abandon n’était pas un choix mais une décision imposée par des paramètres extérieurs comme la pauvreté, pourquoi ne pas avoir simplement donné de l’argent aux parents de naissance pour leur permettre de garder l’enfant ? Pourquoi, tant qu’on y est, ne pas résoudre la pauvreté dans le monde de la même façon…
Tout cela n’empêche pas d’aller prendre tout ce qui est beau dans l’histoire de notre enfant et de le souligner, de lui faire ressentir qu’il est chanceux et valeureux, sans nier qu’il n’a pas tiré des cartes faciles au départ.
 « Tu étais un super bébé, et je le sais pour une bonne raison, tous les bébés sont supers. Je peux t’imaginer, tout mignon avec des petits pieds et la peau douce, tellement adorable ! »
Illustration de Stéphanie Blake
 « Tu as des racines sur deux continents, celles de ta famille de là-bas plus les miennes, que je te donne. Tu te rends compte ? Tes racines font plus de 6 000 km ! Ce n’est pas tout le monde qui a des racines comme ça ! »
« L’anlgais est ta quatrième langue ! Tu as déjà appris trois langues, même si tu ne te rappelles pas tout ! Tu es trop fort-e ! »
Vous avez peut-être d’autres idées ?

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