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lundi 10 septembre 2018

Une Adoption 18


Dans cette rubrique, nous vous proposons de retrouver régulièrement le témoignage d'une maman ou d'un papa adoptant sur son parcours, son chemin vers son enfant et sur leur adaptation commune... 






Année de l'adoption ?
2018

Quel pays ?
La France

Age de l'enfant à son arrivée ?

2 mois et 10 jours !

Votre profil ? Votre projet ?

Mon mari, 36 ans aujourd'hui et moi-même 34 ans, 10 ans de mariage, 13 de vie commune :-)
Après 6 ans de parcours pma à errer dans les couloirs des hôpitaux, nous avons décidé d'un commun accord de mettre (enfin) un point final à tout ça. Et nous sommes passé à une autre façon de fonder notre famille, puisque, après tout, ce qui nous importait c'est d'avoir une famille, pas la manière de la construire.

Pour être plus précise, c'est une idée qui nous trottait dans la tête depuis le diagnostic d'infertilité. Mais comme sur le papier nous étions le cas idéal pour faire remonter les stats des fiv de l'hôpital, nous nous sommes lancés, pleins d'espoir !
Après 5 ans et beaucoup d'échecs, le chemin de l'adoption s'est fait de plus en plus net. Nous avons alors assisté à la réunion d'information de notre conseil départemental. Nous sommes tombés de haut, même de très haut... En gros, si nous voulions adopter, nous aurions un enfant de plus de 5 ans, malade et encore si nous avions la chance que la procédure aboutisse.
Bref, nous nous sommes laissés convaincre par notre gynéco enthousiaste de retenter une fiv. De plus, après cette douche froide concernant l'adoption, la fiv nous semblait un chemin plus simple pour devenir parents. Après un nouvel échec, nous avons définitivement claqué la porte des hôpitaux avec un grand soulagement et l'impression de reprendre le cours de notre vie.
Ça y est nous étions prêts à nous lancer dans l'aventure de l'adoption, qu'importe le sombre portrait qui nous en avait été dressé !
À ce moment-là, nous imaginions un enfant de 2 ou 3 ans, asiatique, et avec des problèmes de santé.

L'agrément, les OAA, l'apparentement ?

Fin juin 2016, nous avons donc envoyé notre candidature au conseil départemental. Nous avons été contactés en juillet pour un premier rendez-vous fin août avec l'assistante sociale en charge de notre dossier. Nous étions un peu stressés avant ce 1er rendez-vous, mais plutôt confiants. Et c'est là que nous avons appris, que nous avions le profil idéal pour un bébé pupille (trentenaire, couple hétérosexuel marié et stable, parcours d'infertilité, fonctionnaires, avec beaucoup de congés, entre autres). Dès que cette information est tombée dans mon oreille, elle n'en n'est plus ressortie, et notre projet s'est tout de suite réorienté sur un enfant, de toute origine, de 0 à 1an, n'ayant pas de problèmes de santé entravant son autonomie ultérieure. Nous étions donc ouverts à plusieurs maladies curables ou traitables sur le long cours.
La période d'agrément a duré 7 mois. Notre assistante sociale, très humaine et bienveillante, nous a permis de nous poser les bonnes questions et d'envisager l'adoption sous tous ses angles. Nous avons obtenu notre agrément en décembre 2016.

Dans notre département, il faut compter 2 ans d'attente après l'envoi de notre dossier avant de pouvoir être présentés en conseil de famille. Donc pour nous, pas avant l'été 2018.
Parallèlement, nous avons adhéré à EFA, assisté à des conférences, participé à un groupe de parole, lu, regardé, écouté, rencontré, discuté. Je crois que cette période nous a permis de nous préparer et de réfléchir sur nous et notre parentalité comme jamais nous ne l'aurions fait avec un enfant biologique. C'était un peu notre grossesse à tous les 2 !
Lors d'une réunion postulants EFA, nous avons appris l'existence d'OAA recueillant des bébés français. Notre projet étant orienté sur un bébé né en France, nous n'avions fait aucune démarche auprès d'OAA. Après cette réunion, nous avons immédiatement pris notre plus beau clavier pour postuler auprès d'un de ces OAA, et dans la foulée, nous avons écrit à 25 départements dont nous n'avons reçu que des réponses négatives à l'exception du 93...
Au mois de juillet 2017, l'OAA que nous avions sollicité a souhaité nous rencontrer. Nous y sommes allés et avons eu un premier entretien avec la psychologue. À la suite de ce rendez-vous, nous devions écrire nos «biographies» décrivant notre enfance, nos liens familiaux et amicaux, notre couple, notre parcours jusqu'à l'adoption, notre projet,... Nous aurions ensuite une visite à domicile de l'assistante sociale et ensuite nous saurions si oui ou non nous étions retenus. Sachant qu'une fois acceptés, il fallait compter un délai de 2 ans en moyenne. Un des principes de cet OAA est de ne pas tenir compte de l'ancienneté mais uniquement de la compatibilité enfant-parents.
L'assistante sociale est venue en septembre et nous a laissé entendre que nous étions d'ores et déjà acceptés. Ce que nous avons définitivement cru, tels Saint Thomas, en recevant le courrier officiel en octobre 2017 !
Nous avions donc 2 possibilités ouvertes devant nous, de quoi être optimistes tout en restant très prudents...

Un lundi de juillet, mon portable sonne, un numéro que je ne connais pas s'affiche. Comme d'habitude, je suis en retard pour mon cours de yoga. Je décroche tout en enfilant mon legging, la présidente de l' OAA est au bout du fil. Après les politesses d'usage, elle me demande si nous avons des projets pour la semaine. Je vois bien où elle veut en venir mais sans oser y croire... Et elle m'annonce qu'il va falloir tout annuler, que nous sommes parents d'une petite fille et que dimanche, dernier délai, elle sera avec nous. Je peux affirmer sans aucun doute que c'est le plus beau coup de téléphone de ma vie ! Nous avons passé la journée complètement stone, sur notre petite planète, à annuler nos vacances (et tellement heureux de le faire !), à annoncer à tout le monde que, ça y est, nous étions parents !
Et dès le lendemain, branle-bas le combat, nous n'avons absolument rien de rien de rien de rien pour accueillir notre petite fille ... S'en sont suivis 4 jours intenses et chargés !!

Quelle prise en charge de l'enfant sur place ? (accueil, prise en charge médicale, préparation à l'adoption...)
Notre fille à été placée dès sa sortie de la maternité chez une assistante familiale. Pas de chance, celle-ci a perdu son agrément en cours de route et elle a été conduite en urgence chez une autre assistante familiale où nous sommes allés la rencontrer.
Nous avons un album photo de la maternité et de la 1ère assistante maternelle et les photos de la 2ème avec lesquelles nous avons pu faire un album.
Nous n'avons pas rencontré la 1ère assistante familiale et ne savons pas trop comment cela c'est passé chez elle, juste que visiblement elle a été dorlotée et qu'il y avait d'autres enfants.
Chez la 2ème, il y avait 4 grands enfants, un chien, un chat. Elle a été chouchoutée par toute la famille ! Dès son arrivée l'assistante familiale lui a expliqué qu'elle n'était que de passage, qu'ils allaient prendre soin d'elle et que bientôt elle aurait des parents qui s'occuperaient d'elle pour toujours.
Elle n'a pas eu de problèmes de santé particuliers.
Mise à part la transition entre les deux assistantes familiales, tout a été accompagné pour notre fille, de la fin de la grossesse jusqu'à notre arrivée. Nous avons une petite poulette qui semble savoir parler le langage sécurisé, du moins pour l'instant !

La rencontre ?

Le jour de la rencontre, (2 jours après avoir appris que nous étions parents), nous sommes allés le matin au siège de l'OAA pour prendre connaissance d'une partie de son histoire, de ses 2 premiers mois de vie et des formalités à accomplir.
Et l'après-midi, nous sommes partis à sa rencontre ! Je ne savais pas trop à quoi m'attendre, j'avais lu tellement de choses sur les rencontres...
Ce que je peux dire, c'est que j'ai été traversée par au moins un million d'émotions au bas mot ! Parfois contradictoires : un joyeux mélange de joie intense, d'impatience, de peur, d'appréhension et encore bien d'autres...
Nous n'avions, ni l'un ni l'autre, ni beaucoup dormi, ni beaucoup mangé.
Et ça a été merveilleux ! Elle était tellement parfaite, belle comme un cœur, tellement au-delà de tout ce qu'on avait pu imaginer ! C'était notre fille, notre petit soleil, tout simplement.
Nous avons pu la prendre dans nos bras, on s'est beaucoup regardé ce jour là, elle a aussi beaucoup dormi dans nos bras et nous avons pu lui donner un premier biberon.
Nous y avons passé la journée du lendemain, premier bain, première promenade, premiers sourires, premiers gazouillis. Ce jour là, elle n'a pas dormi du tout, pas une seule seconde ! Elle s'est écroulée de sommeil dès que nous avons passé la porte.
Le lendemain, l'assistante familiale nous a dit qu'elle était prête, que nous aussi et que ça y est, on pouvait rentrer avec elle si on le souhaitait. Nous sommes donc rentrés tous les 3 à la maison.
L'adaptation a été très rapide, ce sont les procédures de cet OAA, le but étant de limiter au maximum le temps passé en famille d'accueil. Mais nous nous sentions vraiment prêts et nous l'étions :-).

Les débuts ? La vie de famille ? Les difficultés ?

Cela va faire 2 mois que nous sommes réunis, nos plus grosses difficultés ressemblent à celles de tous les parents : «mais comment ça fonctionne un bébé ??».
Nous avons appris à nous connaitre tranquillement, en douceur et au fil des jours et la vie à trois (plus le chat qui est encore dans le déni), c'est vraiment tout ce que nous attendions !
De mon côté il y a eu quelques jours de flottement entre donneuse de soin et maman. Mais aujourd'hui c'est bien ma fille et sans aucun doute possible.
Et bien sûr, il y a aussi de grands moments de solitude ! J'ai découvert récemment ce que certains parents voulaient dire quand je lisais des témoignages de moments d'exaspération profonde. Autant dire que c'est très déstabilisant qu'un bébé si petit, si mignon et tant attendu puisse me mettre dans un état pareil !! Un sentiment nouveau, un sentiment de parent quoi !

Un souvenir marquant ? 
Plein ! La première lessive de vêtements de bébé, si petits que j'ai eu l'impression de jouer à la poupée. La première sortie en écharpe de portage et sentir ma petite poule d'amour tout contre moi...
Et surtout, tous les jours, à chaque fois que je réalise combien on a de la chance de l'avoir dans notre vie !