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lundi 16 octobre 2017

on lu pour vous 9: le Nid

Chaque année au printemps, l’oiselle et l’oiseau
font leur nid. Ils choisissent le meilleur endroit,
sélectionnent soigneusement chaque brindille
pour construire un cocon douillet à leurs petits.
Le temps passe et malgré leur persévérance,
leur nid reste vide.
La tristesse les envahit quand une arrivée inattendue
concrétise leur rêve.

Un album tout doux sur l’adoption.




http://www.editionslesminots.com/album-le-nid.php

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Nala

c'est un petit album très coloré qui parle surtout de l'attente, un couple qui n'attend que ça d’être parents, qui construit un nid pour accueillir un enfant qui ne semble jamais arriver. De ce point de vue j'ai trouvé en tant qu'adulte que c'était bien raconté, doux et pas trop niais. Du point de vue des enfants, je crois que mes enfants sont restés sur leur faim après la fin de l'histoire justement parce que ça parle surtout de l'attente. Quand on sait combien sont naturellement patient les enfants. ou en tout cas les miens!
en tout cas un bel effort pour parler de ce sujet qui nous tient à cœur,
à lire des le plus jeune age

lundi 9 octobre 2017

Mythes et tabous de l’adoption 1 : L’abandon est un acte d’amour



Il était une fois deux femmes
Qui ne s'étaient jamais rencontrées.
L'une dont tu ne te souviens pas,
L'autre que tu appelles « Maman ».

Deux vies différentes
Dans l'accomplissement d'une seule, la tienne.
L'une fut ta bonne étoile,
L'autre est ton soleil.

La première te donna la vie,
La seconde t'appris comment la vivre.
La première créa en toi le besoin d'amour,
La seconde fut là pour le combler.

L'une te donna tes racines,
L'autre te donna son nom.
La première te transmit ses dons,
La seconde te proposa un but.

L'une fit naître en toi l'émotion,
L'autre calma tes angoisses.
L'une reçut ton premier sourire,
L'autre sécha tes larmes.

L'une t'offrit en adoption,
C'est tout ce qu'elle pouvait faire pour toi.
L'autre pria pour avoir un enfant,
Et le destin la mena vers toi.

Et maintenant, quand en pleurant,
Tu me poses l'éternelle question,
Héritage naturel ou éducation ?
De qui suis-je le fruit?

Ni de l'une ni de l'autre mon enfant,
Tout simplement de deux formes différentes de l'AMOUR.

C’est beau… #awmonptitcoeurdemaman #larmichette (#toomuch ?)
Après une période où on condamnait les femmes et les hommes qui abandonnent leur bébé, il y a maintenant une tendance à présenter l’abandon comme un acte d’amour.
Il y a la version pays en guerre, abandon pour la protection de l’enfant, que l’on peut trouver dans Kung-Fu panda ou dans le très beau livre Moun de Rascal.

Et pourtant, on n’adopte pas dans les pays en guerre.
Il y a la version pauvreté, abandon pour la survie, celle du petit poucet.

Illustration de Ulises Wensell
Et pourtant, la moitié des enfants adoptés sont français.
Il y a la version de la jeune fille non mariée, qui perdra toute famille, toute existence sociale si elle garde cet enfant hors mariage, et veut pour lui une vraie famille.
Illustration de couverture de Messages de mères inconnues par Xinran
Et pourtant, plus d’enfants qu’on ne l’imagine sont abandonnés par des couples, pas forcément des marginaux, des personnes qui ont une activité professionnelle, une famille.
De l’autre côté on voit des enfants maltraités, affamés, mais pas abandonnés. Alors quoi ? L’équation impossibilité de bien s’occuper de l’enfant => abandon = acte d’amour n’est pas si simple.
L’abandon est sans doute réellement considéré comme un don dans certains cas. Jean-Vital de Monléon parle par exemple très bien la culture polynésienne au sein de laquelle les transferts d’enfants sont courants, considérés comme un don à l’enfant ou aux parents adoptants.


Et puis en tant que parent ou futur parent, on sait les dégâts du manque d’attention et d’affection, on aimerait tant y croire à cet amour, imaginer notre pitchou bien entouré, protéger son estime de lui, lui éviter d’avoir vécu cette douleur.

Illustration de Josée Masse
Il n’en reste pas moins que des femmes et des hommes choisissent de ne pas garder leur enfant. Et certes, c’est un choix qui peut être dicté par des contraintes d’une force voire d’une violence inimaginable. Un choix quand même. Qu’on ne peut sans doute pas, de notre position d’occidentaux privilégiés, appréhender, et encore moins juger.
Mais concrètement, quel choix on fait, nous, sur la façon d’aborder les choses devant notre enfant ?
L’enfant peut avoir été aimé (on ne le sait pas forcément), et abandonné, sans que ce soit lié. Il nous semble qu’il peut être dangereux de trop appuyer cette question d’abandon par amour.
Parce que lui, l’abandon, il l’a ressenti comme un déchirement.
Parce que si l’abandon est un acte d’amour, qu’est-ce qui lui dit que ses parents adoptifs, qui l’aiment beaucoup, ne l’abandonneront pas à leur tour ?
Enfin parce que, si l’abandon n’était pas un choix mais une décision imposée par des paramètres extérieurs comme la pauvreté, pourquoi ne pas avoir simplement donné de l’argent aux parents de naissance pour leur permettre de garder l’enfant ? Pourquoi, tant qu’on y est, ne pas résoudre la pauvreté dans le monde de la même façon…
Tout cela n’empêche pas d’aller prendre tout ce qui est beau dans l’histoire de notre enfant et de le souligner, de lui faire ressentir qu’il est chanceux et valeureux, sans nier qu’il n’a pas tiré des cartes faciles au départ.
 « Tu étais un super bébé, et je le sais pour une bonne raison, tous les bébés sont supers. Je peux t’imaginer, tout mignon avec des petits pieds et la peau douce, tellement adorable ! »
Illustration de Stéphanie Blake
 « Tu as des racines sur deux continents, celles de ta famille de là-bas plus les miennes, que je te donne. Tu te rends compte ? Tes racines font plus de 6 000 km ! Ce n’est pas tout le monde qui a des racines comme ça ! »
« L’anlgais est ta quatrième langue ! Tu as déjà appris trois langues, même si tu ne te rappelles pas tout ! Tu es trop fort-e ! »
Vous avez peut-être d’autres idées ?

lundi 2 octobre 2017

Deux attentes


La première attente pour la première adoption, elle est venue comme un immense espoir après les terribles attentes de l'infertilité. L'attente de tous les mois à serrer les fesses, l'attente dans le couloir de l’hôpital, l'attente avec les pieds dans les étriers.

Du coup, au début, on la trouve super sympa, cette nouvelle attente. Un monde s'ouvre à nous : tant à lire, tant à découvrir, tous ces gens à rencontrer, toutes ces discussions à avoir ! Et puis on est en 2008-2009, l'adoption internationale est en perte de vitesse mais il y a des procédures qui vont relativement vite encore. On sait, on sent, que si on est motivés, on va y arriver. De toute façon, on est totalement incapables de s'imaginer sans enfants, alors faut que ça marche, non ?

De fait, on trouve le chemin rapidement. Trois mois après l'agrément, un organisme nous dit oui, nous allons vous confier un enfant. On entre dans le concret : un pays, une procédure, des délais, on commence à voir où on va. Alors on attend dans la joie. On tricote des trucs, on ouvre un blog et on achète des clipos dans les vide-greniers. Tout est fun, c'est l'aventure. Il faut faire légaliser, surlégaliser, tamponner, c'est trop cool ce papier qui s'amoncelle, on va quelque part, on y croit boudiou !

Lorsqu'on reçoit le coup de fil magique, et très vite le dossier et la photo, ça devient à la fois plus passionnant et plus angoissant. On peut se poser trois mille nouvelles questions, projeter à fond et flipper un peu. On commence à acheter des habits, des objets du quotidien. On repeint les murs, on choisit le tapis, on fait la place, et on compte les jours sur le calendrier...

Et puis un jour l'organisme appelle pour dire que la procédure est bloquée. Qu'une personne qui est contre l'adoption internationale fait un barrage administratif dont on ne comprend pas bien les tenants et les aboutissants. Qu'ils font tout ce qu'ils peuvent et qu'on ne faut pas leur mettre des bâtons dans les roues par des protestations. Qu'il est inutile d'appeler, ils nous appellerons à la minute où ils ont du nouveau. Et là on réalise qu'on est toujours aussi impuissant devant des enjeux politiques qui nous dépassent. Et l'attente devient torture... plus de délai, plus même de certitude. Les habits deviennent trop petits, le nouveau tapis prend la poussière et on ne vit plus... jusqu'à la levée du blocage.

Cette attente (ou plutôt série d'attentes) a bien fini, mais elle nous a marqués. On réfléchit bien avant de se relancer, et quand on est surs de nous, on y va, en se disant bien que cette fois, on ne se laissera pas bouffer par l'attente, on se protègera et on protègera notre grand.

La deuxième attente est plus sournoise. On est déjà parent, ça nous prend moins aux tripes. Bien sûr, on aimerait très fort agrandir la famille, mais on sent qu'on est déjà une famille et on peut se projeter tous les trois. On est bien entendu très occupés avec le grand qui prend sa place et plus encore. On court de sport en musique en réunion de parents d'élèves, on achète des casseroles plus grandes et tous les habits commencent à prendre de la place dans le sous-sol.

On est en 2014, et les statistiques de l'adoption internationale commencent à approcher de très près les pâquerettes. En plus avec quelques années de plus et un enfant, on est de moins en moins prioritaires. On attend assez paisiblement, au refrain de "que sera sera".

On a déjà l'expérience. Il y a toujours des choses à préparer mais on a moins à découvrir. On a déjà lu tout Chicoine, tout Lemieux. On est devenu pro des papiers. On connaît l'employée de mairie qu'est pas godiche, les onglets du trieur sont déjà marqués, on numérise tout, on affranchit en ligne. Le grand dit qu'il voudrait bien des tas de frères et de sœurs, nous on dit que deux enfants ce sera déjà bien. Mais aucun chemin ne s'ouvre à nous.

Et un beau jour de 2016, on gagne au loto. Oui, ça fait bizarre, hein, mais c'est vraiment ça : on est tirés au sort par l'AFA. Deux ans et demi après le début, on retrouve un chemin, et un qui nous parle beaucoup. On entre à nouveau dans l'attente pleine d'espoirs, mais échaudés par les mésaventures -- les nôtres et celles d'autres. On attend sans y penser tous les jours mais notre cœur bondit dès qu'on entend parler du pays aux informations.

On attend sans attendre, on se prépare sans y croire tout à fait. Le grand dit que finalement il est OK pour un frère, mais une sœur hors de question, il ne jouera pas aux petits poneys. Le temps passe vite et on se refuse à mettre des échéances, mais quand même, plus de la moitié de notre agrément est déjà écoulée.

On attend et on sait que le jour où on recevra ce coup de fil -- s'il finit vraiment par arriver -- on s'engagera pour l'autre attente, celle avec la photo. Celle qui est tellement angoissante, celle où l'enfant grandit sur les photos, où on lira dans ses yeux qu'il ne comprend pas, qu'il n'y croit pas vraiment, et où on ne pourra rien faire pour lui, sinon repeindre sans chambre et choisir le tapis. Du coup on oscille : on veut que cette attente prenne fin, mais surtout la suivante ! Mais on ne veut pas non plus que le grand grandisse trop vite, quoi, le collège l'an prochain, déjà ?

Un jour on a mal au dos, au cou. On ne peut plus se tourner pour regarder la pendule devant la table du petit déjeuner. Ou on ne veut plus ? Le kiné dit : vous n'auriez pas des blocages en ce moment dans votre vie... ?

Alors on se lance dans la méditation on reprend le taïchi et... on va témoigner !

Mitzie