menu

vendredi 30 septembre 2016

Une adoption 7

Dans cette rubrique, nous vous proposons de retrouver régulièrement le témoignage d'une maman ou d'un papa adoptant sur son parcours, son chemin vers son enfant et sur leur adaptation commune...

-Année de l'adoption ?
Nous avons eu notre agrément en juillet 2011, l’apparentement en avril 2012, et notre fils est arrivé en juin 2016

- Quel pays ?
RD Congo

- Age de l'enfant à son arrivée ?
6,5 ans

- Votre profil ? Votre projet ?
Nous avions 34 en 35 ans quand nous avons eu notre agrément en 2011, et nous avions un enfant au foyer, une fille de 6 ans à cette époque arrivée d’Haïti en 2009 à l’âge de 4 ans.

- L'agrément, les OAA, l'apparentement ?
Notre agrément a été obtenu sans difficulté, nous avons toujours eu de bons rapports avec les équipes du service adoption de notre département. Nous avons construit notre projet avec eux, réfléchi en termes d’âge et d’ouverture à des particularités et avons finalement obtenu un agrément pour un enfant de moins de 6 ans sans précision d’ouverture à des problèmes de santé, bien que nos rapports mentionnaient certaines particularités dont nous avions parlé.

Nous avons rapidement été acceptés par 2 OAAs pour la RDC et nous sommes engagés avec la plus rapide des 2 en décembre 2011. Nous avons été apparenté le 19 avril 2012 a un petit garçon de 2 ans, en bonne santé (nous avons reçu un bilan médical succinct mais assez rassurant). Nous étions surpris d’être apparentés à enfant si jeune mais étions ravis et prêts à l’accueillir. L’attente post-apparentement était censée durer une petite année, mais on a vite compris que ça allait être compliqué vu le nombre de dossiers en cours en RDC et les difficultés de notre OAA (beaucoup de dossiers à gérer et un mauvais accompagnement sur place).
Nous ne nous sommes donc jamais projetés dans une date de départ pour nous protéger et protéger notre fille, et nous avons bien fait puisqu’en septembre 2013, les autorités congolaises ont décidé de suspendre l’intégralité des dossiers d’adoption en cours pour une durée d’un an, le temps soit disant de les vérifier.
 Un an après, aucune vérification n’avait été faite et la suspension a été prolongée sine die. A ce stade, nous avons compris que l’issue de la procédure était très incertaine et avons tenté de nous protéger comme nous pouvions : nous avons décidé que nous ne renouvellerions pas notre agrément quoiqu’il arrive, ce qui donnait de fait une date de fin à notre attente : ça nous a aidé à nous projeter dans l’avenir : nous ne savions pas si nous finirions à 3 ou 4, mais nous savions que nous le saurions à l’été 2016 au plus tard.

Après beaucoup de rumeurs et de faux espoirs, c’est finalement en février 2016 que les choses ont commencé à bouger quand la RDC a commencé à débloquer les premiers dossiers. Nous avons vu les premières familles partir, les choses s’accélérer, et avons dû attendre le mois de mai pour avoir l’autorisation de partir à notre tour. Nous sommes donc partis à Kinshasa le 7 juin et sommes rentrés avec notre fils le 15, soit 3 semaines avant la date de fin de validité de notre agrément, et 4 ans et 2 mois après l’apparentement.

- Quelle prise en charge de l'enfant sur place ? (accueil, prise en charge médicale, préparation à l'adoption...)
Notre fils a passé ces 4 années dans un des orphelinats partenaires de notre OAA, dans des conditions très précaires. Nous avions des nouvelles rares mais régulières (environ 2x par an) via notre OAA. Nous avions surtout des photos, assez peu de nouvelles sur son état de santé, mais il avait l’air en forme (toujours souriant !) et de bien grandir (on avait de temps à temps des photos avec une toise).Nous avons eu aussi en 2015 une vidéo où on a pu le voir en pleine forme jouer avec les autres enfants, et apercevoir un peu son environnement. De notre côté nous avions renoncé à lui envoyer des lettre pleines d’espoir comme conseillé par notre OAA (que lui dire, sachant qu’on n’avait aucune certitude sur son avenir), mais on lui envoyait toujours une photo de nous 3 pour ne pas couper le lien.

- La rencontre ?
Nous l’avons rencontré le 8 juin, le lendemain de notre arrivée à Kinshasa. Nous sommes allées le chercher à l’orphelinat, nous tenions à voir l’endroit où il avait grandi. Il avait été visiblement préparé à notre arrivée car il n’a été ni effrayé ni même étonné, et est tout de suite venu dans nos bras (c’est sans doute ce qu’on lui avait dit de faire, néanmoins il a eu l’air de le faire facilement). Nous avons discuté avec la directrice de l’orphelinat qui était visiblement très émue de laisser partir l’un de « ses » enfants, et nous sommes partis assez vite pour éviter des adieux difficiles, notamment pour les enfants qui restent. Ce n’est un moment pas évident à vivre car en tant que parents nous sommes très émus d’enfin rencontrer notre enfant, mais nous comprenons aussi que ce départ de son univers est difficile à vivre pour tout le monde. Heureusement notre fils a une volonté et une capacité de résilience épatante et a très vite voulu aller de l’avant.
Nous avons passé une semaine tous les 3 à l’hôtel, ce qui nous a permis de faire connaissance en terrain neutre et de découvrir notre fils et son énergie : on a découvert un petit garçon très bavard (il parle français), curieux de tout, énergique, volontaire. Il est aussi sage, obéissant et bien élevé : on a très vite eu l’impression qu’il voulait nous faire plaisir pour correspondre à l’image de l’enfant parfait qu’il pense que l’on attend. 3 mois après on essaye toujours de corriger cela en le rassurant et en l’incitant à être LUI et en l’autorisant à être imparfait.

- Les débuts ? La vie de famille ? Les difficultés ?

Nous sommes rentrés en France le 15 juin, il a été malade dans l’avion et est arrivé avec une forte fièvre et des boutons : les retrouvailles avec la famille ont donc été un peu chamboulées. On a vu le médecin le lendemain : notre fils avait une bonne varicelle. On avait pensé à tout sauf à ça ! Il lui a donc fallu 3 jours pour se remettre, mais ensuite il a très vite pris ses marques dans la maison.
C’est un petit garçon très sociable et souriant, il n’est pas intimidé, pose beaucoup de questions et s’exprime beaucoup. Cela permet de lui poser un cadre et de lui expliquer les choses qu’il comprend bien : sa curiosité et sa capacité à comprendre les choses sont une vraie force.
La relation avec sa sœur s’est faite par étape : observation d’abord (elle ne savait pas trop comment se comporter avec lui au début), puis fusion (quand elle a compris qu’elle pouvait jouer avec lui, elle qui n’est pas une solitaire, elle était ravie), puis agacement (le petit frère est là tout le temps, pas uniquement quand elle a envie). Aujourd’hui, 3 mois après, ça semble stabilisé : ils jouent ensemble, elle adore le taquiner, elle aime beaucoup son rôle de grande sœur (elle l’aide pour les devoirs et joue les « petites mamans ») et lui commence à apprendre à jouer seul pour la laisser tranquille quand elle en a besoin. Et ils commencent à se chamailler, on ressemble à une vraie famille.
Pour le reste, il a commencé l’école le jour de la rentrée le 1er septembre avec tous les autres enfants, en CP. Le directeur de l’école était prêt à le prendre dès la fin juin pour évaluer son niveau avant la rentrée de septembre, mais nous avons refusé : même si notre fils avait envie d’aller à l’école pour se faire des copains, il nous a semblé plus important qu’il s’habitue à l’essentiel (la famille) avant de se lancer vers le reste. Son côté sociable qui aurait pu nous inciter à le laisser y aller nous a plutôt décidé à ne pas l’y mettre : c’est un petit garçon qui semble capable de s’attacher très vite à un adulte qui lui montre de l’attention et il nous semble primordial qu’il comprenne qu’il doit s’attacher en priorité à nous et que les autres adultes référents, pour importants qu’ils soient, ont une place différente. Aujourd’hui encore nous veillons à cela car on le sent toujours capable de vite s’attacher aux adultes et en recherche de leur plaire.
Il a dormi sans nous pour la première fois il y a 1 semaine, chez sa tata et avec sa sœur, mais pour l’instant il n’est pas question de le laisser sans nous plus d’une nuit, ni trop souvent : l’attachement a l’air de s’être très bien fait, mais avec une facilité qui incite à la prudence.

- Un souvenir marquant ?


Difficile de choisir  mais pour parler des difficultés et peut être déculpabilisé certains parents, je dirais la difficulté à se réapproprier notre projet : compte tenu du contexte, on s’était vraiment préparé à ce que notre fils n’arrive pas et on avait entamé plus ou moins consciemment un deuil de notre famille à 4. Quand ça c’est débloqué et qu’il a fallu se re-projeter à 4, ça n’a été ni simple ni naturel, et donc assez culpabilisant (avait-on abandonné trop vite ?). Finalement la volonté et le sourire de notre fils ont fait le job : il a pris sa place et effaçant nos doutes

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire