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lundi 7 mai 2018

Mythes et tabous de l'adoption 5 : il y a les bons et les méchants

Au cas où ça t’aurait échappé, l’éthique est une préoccupation constante dans l’adoption. L’adoptant, prêt à déplacer des montagnes et plein de thunes, est suspect d’emblée, sache-le.

Toi tu fais tout bien dans les clous. Tu t’adresses à des intermédiaires qui ont pignon sur rue, tu les rencontres et tu es rassuré. Ce sont de bonnes gens, des fonctionnaires dévoués, des bénévoles d’associations, de moins en moins des missionnaires. Ils ne gagnent pas grand-chose dans l’affaire, à part l’occasion de faire œuvre utile.

Car le principe est le suivant : tout enfant a droit à une famille, qui reste dans la majorité des cas le meilleur contexte pour grandir avec des soins et une protection suffisante. Bon par contre, on le dit moins, ça se heurte aux droits des pays à faire ce qu’ils veulent. Qui est bien sûr supposé être le meilleur pour leurs enfants. Comme il est bien connu que les régimes plus ou moins autoritaires de quatre coins du monde ont toujours les droits des femmes et des enfants dans leurs priorités, nous voilà rassurés.

On t’a averti à de multiples reprises : accroche-toi à ton éthique, car tu pourrais avoir la tentation d’y déroger. Toi tu es tranquille. Tu as vu Holy Lola. Tu as entendu parler de l’affaire de l’Arche de Zoé. Si un type à l’air louche et aux dents pointues vient frapper à ta porte, avec un joli bébé sous sa grande cape noire qu’il veut t’échanger contre de l’argent, tu sauras bien refermer la porte.



La question ne se pose bien sûr jamais aussi franchement, mais si on se laisse aller à la parano, elle trouve beaucoup d’interstices pour se glisser. Elle est dans les blancs des dossiers. Elle est dans les dates étranges. Elle est dans les quelques dizaines d’euros à compléter ici ou là. Anecdotiques ? Le doute peut s’insinuer partout, avec lui les excuses.

Ou sont-ce des explications ? Cela fonctionne ainsi dans ce pays. Le calendrier est différent. La notion de temps est différente. Ce fonctionnaire qui demande une rallonge, peut-être n’a-t-il pas été payé depuis 6 mois ?

Pire encore, la question peut se poser violemment lorsque l’enfant qui arrive raconte une histoire bien différente de celle de son dossier. Elle se pose lorsqu’on découvre que son enfant à des frères et sœurs biologiques, de façon plus ou moins fortuite. Elle pose douloureusement lorsque, souvent des années plus tard, un scandale éclate, même pays - même année.

Le temps a passé et tu entrevois ce qui était hors champ. Ton intermédiaire irréprochable, il n’a la main que sur une toute petite partie de la procédure. Le reste est entre les mains souveraines de pays, qui font souvent de leur mieux, parfois pas.

L’important, c’est ce qu’on dit à son enfant en le regardant dans les yeux. Nous-mêmes victimes aussi, participants mais sans connaissance de cause. Et je ne veux pas dire ici que toutes les adoptions internationales sont entachées, au contraire !

Je veux dire au contraire que ce mystère, ces doutes qui nous sont renvoyés à chaque affaire, à chaque scandale, ce facteur d’incertitude avec lesquels nous sommes nombreux à devoir composer, il nous fait parfois perdre de vue l’essentiel :

  • Il y avait un gosse qui grandissait tout seul, et il y avait nous qui offrions une place.
  • Il y a eu une mesure de protection de l’enfance.
  • Il y a une famille de plus dans le monde.


 

Ce serait plus facile s’il n’y avait pas de flous dans les dossiers. Mais si on attendait que les politiques sociales soient irréprochables, combien d’enfants grandiraient tous seuls ?

1 commentaire:

  1. Tout à fait d'accord. Et pour rappel, cette jolie BD qui traite du sujet également : http://parlonsadoption.blogspot.fr/2017/07/on-lu-pour-vous-ladoption-de-zidrou-et.html

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