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lundi 6 mars 2017

Une attente 2

Dans cette rubrique, nous vous proposons de retrouver régulièrement le témoignage d'une maman ou d'un papa encore dans l'attente de son(ses) enfant(s)...

Votre profil ? (âge / couple ou célibataire / déjà des enfants ou non)
 
Nous sommes en couple depuis 2006, marié depuis 2 ans, J'ai aujourd'hui 28 ans, Monsieur 38 ans. Nous sommes considérés sans enfant. "Nous" avons été enceinte d'un petit garçon, décédé à 6mois de grossesse.


Depuis quand avez vous le projet d'adopter ? Quel a été votre cheminement vers l'adoption ?
Il y a 8 ans nous avons décidé de fonder une famille, 18 mois plus tard, fin 2010, nous apprenions la stérilité de mon mari. Peu de temps avant les examens, il m'avait dit préférer l'adoption s'il se révélait stérile, moi je n'y avais pas réfléchi : "chaque chose en son temps, peut être qu'il n'y a aucun souci... et puis ça veut dire que je ne serai jamais enceinte". C'était alors plus une constatation qu'un regret.

Cette discussion m'avait poussé à y réfléchir et à me renseigner, j'ai écumé les sites internet, blogs, forums, et finalement quand le résultat est arrivé, moi j'étais prête à me lancer... mais lui avait fait le chemin inverse : "je veux te voir enceinte". Ajouté à cela les médecins qui vous donnent facilement espoir : "c'est un cas facile, vous êtes jeunes, ça va marcher", l'idée de l'adoption n'avait pas complètement disparue mais était rangée dans un coin de nos têtes. Nous en discutions régulièrement, avions acheté un livre, je continuais à me renseigner et à faire des "comptes-rendus" à l'homme, mais nous ne nous sentions pas prêts à nous lancer pour de bon, toujours dans l'espoir que la prochaine tentative serait la bonne.

Notre parcours n'a pas été aussi simple que ce que les médecins avaient promis, nous avons enchaîné pas mal de tentatives mais en 2013 je tombe enceinte. Malheureusement lors des échographies notre bébé présente  un retard de croissance et plusieurs signes inquiétants, au niveau des mains, du visage, mais surtout du cerveau... les médecins mettent du temps à poser un diagnostic exact mais il s'avère que le handicap dont souffre notre petit garçon est vraiment très lourd. Nous subissons une IMG.

Nous avons repris la PMA après, mais nous arrivions vraiment à saturation. La question de l'adoption s'est sérieusement reposée. Je pense que le fait d'avoir vécu une grossesse m'a beaucoup aidé à franchir le pas : mon fils m'avait permis d'être enceinte, je ne ressentais pas forcément le besoin de revivre ça, cependant j'ai mis quelques mois à me sentir prête, non pas à adopter, mais à passer l'agrément : trop peur que les travailleurs sociaux nous "maltraitent", d'autant plus par rapport à notre histoire difficile. Et puis n'ayant jamais perdu de vue la situation de l'adoption au cours des dernières années, je savais que ça devenait très compliqué...

Le déclic a eu lieu juste après notre mariage en mai 2015. Nous avons envoyé le premier courrier au conseil départemental en juillet, avons été convoqué à la première réunion en septembre, renvoyé le dossier de "demande officielle" dans la foulée... puis tout s'est très vite enchaîné : tout nos entretiens se sont déroulés sur le dernier trimestre de 2015.
Contrairement à ce que j'avais craint, ça s'est extrêmement bien passé. Psychologue comme assistantes sociales nous ont mis en confiance, nous avons pu nous raconter ouvertement. Il n'était nullement question de jugement, juste de nous connaître. Le rapport de la psychologue nous a d'ailleurs beaucoup ému tant elle nous avait parfaitement cernés ! Celui des assistantes sociales est plus basique mais très positif également, il est surtout question de décrire notre situation et notre mode de vie, ainsi que notre projet.


Votre projet ? (notice d'agrément / dossier international ou national).
Comment l'avez-vous construit ? 
Nous avons obtenu notre agrément pour "un enfant le plus jeune possible, toutes origines" en février 2016.

Nous avons été un peu déstabilisé par cette notice d'agrément, en effet lors de nos entretiens nous avions bien précisé que nous souhaitions adopter un ou deux enfants jusqu'à 5 ans (4 ans révolus).
Nous avons contacté le service adoption pour comprendre, la secrétaire, puis l'assistante sociale responsable nous ont expliqué que c'était parce qu'ils nous avaient jugés "candidats idéaux pour un bébé pupille".
A priori c'est une situation fréquente, nous avons rencontrés d'autres couples dans ce cas là.

Sur le coup ça nous a mis un peu en colère : pourquoi ne pas avoir approfondi le sujet dès le départ avec nous ? Nous aurions été tout à fait ouverts à des rendez-vous supplémentaires ! Notre agrément express nous aura fait gagner du temps, mais finalement nous n'aurions pas été contre quelque chose de plus poussé.
En colère également parce qu' "on" semblait vouloir décider à notre place de la suite à donner à notre démarche alors que, si nous nous sommes effectivement inscrits sur la liste d'attente pour un pupille, le temps d'attente promis (7ans actuellement dans notre département mais combien dans quelques années avec tous ces couples qui resteront sur liste d'attente faute de pouvoir adopter à l'international ?) et l'âge maximum pour pouvoir prétendre à l'adoption d'un bébé pupille (45 ans) nous poussent à ouvrir d'autres portes, et ça nous l'avions bien précisé aussi.

La colère est vite retombée, finalement chaque petit bâton dans les roues permet de se remettre en question, de réfléchir encore, d'évoluer... J'imagine que c'est aussi le but visé.
Après réflexion, pour ma part, j'ai accepté qu'on nous "limite" à un seul enfant (mon homme parle encore parfois d'une fratrie), l'agrément est justement arrivé au moment où je me disais que deux enfants d'un coup seraient peut être un trop gros défi pour nous.
Par contre nous avons réellement construit notre projet sur "jusqu'à 5 ans" et "argumenté" en ce sens. Il y a beaucoup d'enfants dans notre entourage, et je travaille moi même dans la petite enfance, ainsi nous savons ce qu'est un enfant de 1, 3 ou 5 ans, nous ne désirons pas absolument un nourrisson et nous nous projetons tout à fait avec un enfant qui marche et parle déjà, nous sommes conscients de ce que cela implique en adoption (vécu de l'enfant...) etc. Enfin notre limite a été posée à 4 ans révolu parce qu'il nous semble important de pouvoir prendre le temps d'accueillir notre enfant sans avoir de "pression scolaire" à gérer dans l'immédiat. Néanmoins, après avoir sollicité plusieurs avis, nous avons décidé de ne pas non plus toucher à notre notice concernant l'âge, "le plus jeune possible" étant relativement flou et non restrictif. 

Dans nos rapports était également spécifié que nous étions ouverts à l'adoption d'un enfant présentant une particularité légère. Nous en discutions beaucoup, avions jeté un oeil à la liste des particularités de la Bulgarie sur le site de l'AFA, tenté de remplir ça chacun de notre côté et de voir ce que nous avions en commun... difficile, ou plutôt impossible, sans avis médical.
D'autant plus que sur ce point nos avis divergeaient beaucoup. Notre vécu n'y est sans doute pas pour rien et rend le sujet parfois sensible : pour moi, telle ou telle chose n'est finalement pas si grave au regard de ce qu'avait notre petit garçon (à l'époque où nous ne savions pas ce qu'il avait mais que nous espérions que ça ne soit "pas trop grave", je m'étais réellement préparée à toute sorte de pathologies et donc finalement ma réflexion sur les particularités avait déjà été menée assez loin), mais pour mon mari "maladie" rimait avec "mort", lors d'une de nos discussions il avait craqué en me disant "je ne veux pas qu'il meurt lui aussi" (alors que nous ne parlions évidemment pas de maladies mortelles).
Bref, au moment de l'agrément, nous savions qu'il allait falloir continuer à y réfléchir, nous accorder sans aller au delà des limites de l'un ou de l'autre, mais nous avions décidé de laisser ça se "décanter" dans l'esprit de chacun et d'attendre le retour des OAA avant de reprendre.


Quelles démarches post-agrément ? Avez-vous des pistes ? - Comment occupez-vous et gérez-vous l'attente ? (rien / Internet / réunion EFA / groupes de paroles / lectures / film) 
Nous avions déjà commencé à lister les pays dans lesquels nous pouvions adopter en fonction des critères demandés par les pays d'origine mais aussi en fonction du profil des enfants proposés à l'adoption.
Du côté de l'AFA il s'est avéré que la quasi-totalité des pays dans lesquels nous pouvions candidater fonctionnent par appel à dossiers et non par liste d'attente (pour les autres il y avait des "bémols" donc nous n'avons pas cherché plus loin). Nous avons répondu à certains appels à dossiers sans jamais faire partie des candidats retenus.
Côté OAA nous avons listés ceux auxquels nous pouvions nous adresser et en mars/avril nous avons donc fait partir 12 courriers, en plusieurs vagues. Tous nous ont répondu : 11 "non"... et 1 "peut être" !
Après plusieurs entretiens nous avons eu la chance d'être retenu par cet OAA, pour deux pays ! La fin 2016 a été consacrée au montage de nos dossiers, l'un est d'ors et déjà enregistré dans un premier pays, l'autre part d'ici 2-3 semaines dans le second. Les délais d'attente annoncés restent longs, mais quelle chance nous avons !

A cette occasion nous avons donc du affiner nos ouvertures concernant les besoins spécifiques, cette fois nous avons pris l'avis de plusieurs médecins (dont un dans une consultation adoption, un de l'OAA et notre médecin traitant) et nous avons réussi à y voir plus clair et à nous accorder.


Depuis le début de nos démarches nous nous sommes rapproché de l'antenne EFA de notre département, nous participons aux rencontres, aux réunions témoignages, aux débats, aux journées diverses... Mon mari s'est même investi auprès de l'association de part son expérience professionnelle utile pour une de leurs activités.
Toutes ces rencontres et ces discussions nous permettent de réfléchir, de nous préparer... et de discuter avec des personnes qui vivent la même chose que nous. Nous nous sommes même fait de bons amis que nous voyons en dehors des réunions !
Nous participons aussi aux journées organisées par notre OAA. Nous lisons beaucoup également, nous nous tenons au courant sur internet, avons regardé quelques films et documentaires... cette première année d'agrément est passée très vite et nous appréhendons le "vide" (pas si vide que ça au vu du programme décrit ci dessus) des mois et années à venir maintenant que nos dossiers sont partis ou presque.
Nous envisageons d'envoyer notre candidature à d'autres départements même si nous savons que les chances d'être retenus sont infimes.

Nos proches sont au courant de notre démarche, nous avons toujours parlé ouvertement de notre parcours. Tous nous soutiennent de bon coeur même si nous les sentons parfois désemparés face à la difficulté et à la longueur de ce parcours. Il y a parfois quelques maladresses, nous essayons de faire de la pédagogie, partageons certaines de nos lectures...

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