Dans
cette rubrique, nous vous proposons de retrouver régulièrement le
témoignage d'une maman ou d'un papa adoptant sur son parcours, son chemin vers son enfant et sur leur adaptation commune...
Année de l’adoption
2017
Age de l’enfant à son arrivée
Des jumeaux de 7 ans et 3 mois.
Votre profil ?
(âge / couple ou célibataire / déjà des enfants ou non)
(âge / couple ou célibataire / déjà des enfants ou non)
Lui 35 et moi 36, mariés, pas d’enfants
biologiques.
- Depuis quand avez vous le projet
d'adopter ? quel a été votre cheminement vers l'adoption ?
Suite à une infertilité, un parcours PMA.
Une seule FIV. Je sentais que ce n’étais pas le bon chemin, tout mon corps me
le disait. L’idée de l’adoption était dans un coin de ma tête mais mon mari
n’était pas encore prêt. Suite à l’échec de la FIV, nous avons eu une grande
discussion pendant plusieurs heures : nous avons pris la décision de
stopper la PMA, et de réfléchir sérieusement à l’adoption. 6 mois plus tard,
notre décision était prise. C’était en mars 2014. Nous nous sommes mariés
civilement 3 mois plus tard, et avons assisté à la première réunion du conseil
général en septembre 2014.
- Votre projet ?
(notice d'agrément / dossier international ou national)Comment l'avez-vous construit ?
(notice d'agrément / dossier international ou national)Comment l'avez-vous construit ?
Moins de 7 ans, avec particularités
légères ou réversibles n’entravant pas l’autonomie future de l’enfant. 1 enfant
ou 2 si fratrie. Mais nous étions projetés depuis longtemps sur une fratrie. Étant dans un département rural et donc avec des adoptions rarissimes pour des
pupilles, nous avons d’emblée construit notre projet sur une adoption
internationale.
L’agrément s’est bien passé, malgré le
fait que les travailleurs sociaux manquaient cruellement de connaissances
récentes concernant la réalité de l’adoption. Les enquêtes étaient très
complètes, et nous avons obtenu le précieux sésame 9 mois après le début des
démarches.
- L’agrément, les OAA,
l’apparentement ?
Nous avons contacté tous les OAA
possibles. Nous avons essuyé refus sur refus, malgré un agrément assez ouvert,
et nos âges respectifs peu élevés. Nous avons eu un premier « oui
peut-être » de la part d’un OAA pour le Vietnam, qui nous demandait de
remplir certains formulaires. 4 mois plus tard, n’ayant pas de nouvelles, j’ai
téléphoné, et suis tombée de très haut lorsque la présidente a démonté notre
dossier en 5 minutes. Selon cette présidente, jamais nous ne pourrions adopter
à l’international à cause du fait que ma mère ne m’a pas donné signe de vie
depuis plus de 15 ans.
1 mois après cette grande désillusion,
nous rencontrions le pédiatre d’une COCA pour affiner avec lui la question des
particularités. Il nous a redonné confiance en notre projet et nous a
parfaitement aiguillés. Nous étions arrivés dans son bureau avec un moral très
bas et des doutes sur nos chances de réussir ; nous sommes repartis
beaucoup plus sereins.
Nous avons relancé tous les OAA, nous
avons de nouveau reçu des refus en pagaille, mais l’un d’entre eux nous a donné
des signes positifs au mois de mai 2016. Nous avions une procédure à suivre
avec plusieurs étapes avant d’obtenir une acceptation ferme de la part de cet
organisme, mais le vent tournait en notre faveur.
Nous avons finalement été acceptés en aout
2016, et notre dossier est parti dans le pays concerné en septembre de la même
année.
On nous avait annoncé une attente comprise
entre 6 mois et 3 ans.
Fin mai 2017, nous avons reçu l’annonce
qui a changé notre vie : des jumeaux fille et garçon âgés de 7 ans nous
attendaient. Nous avons reçu leurs photos quelques jours plus tard, nous avons
vécu ces moments d’une manière absolument indescriptible. L’annonce en
particulier avait un côté surréaliste, nous n’avons pas cessé de relire les
quelques informations que nous avions, et cette nuit là fut blanche. Le
lendemain, j’ai définitivement réalisé lorsque j’ai vu des vêtements pour
enfants en promo au supermarché du coin… Je me suis mise à pleurer au milieu du
rayon devant une jupe à volants et un T shirt avec un monstre portant des
lunettes de soleil.
Nous avons alors attendu que l’OAA nous
communique la date de convocation sur place pour organiser notre voyage. Nous
sommes montés dans l’avion 2 mois après l’annonce, fébriles mais plus heureux
que jamais.
- Quelle prise en charge de l’enfant sur
place ?
Nos enfants vivaient en institution depuis leur naissance. Ils avaient été très bien pris en charge, avec beaucoup d’affection, des référentes fixes, et un mode de vie sain.
Ils ont été bien préparés à leur
adoption : tout d’abord leur accord a été demandé. Ensuite, ils ont vus
plusieurs de leurs copains partir avec des familles adoptives. Et enfin, ils
ont été préparés à nous rencontrer.
Au niveau médical, ils ont bénéficié d’un
suivi très complet et régulier, nous avons donc un dossier très détaillé.
- La rencontre ?
Magique.
Et
en 2 temps. D’abord avec notre fils, qui nous a rejoints devant le bâtiment
administratif de l’orphelinat. Il avait un sourire radieux et en même temps
gêné. Il était à la fois curieux et mal à l’aise comme on peut l’être devant
des étrangers. Il a brisé la glace en nous montrant l’album photo que nous lui
avions fait parvenir, il nous a « vérifiés » en comparant avec les
photos et il nous a montré notre maison, en semblant demander si c’était bien
vrai. Il a pris la main de son papa au bout de 5 minutes à peine, et nous a
laissé jouer avec lui très rapidement. Il nous a fait visiter son orphelinat,
il a rangé ses affaires, fermé son casier, et il est parti sans se retourner.
Il a fallu le rattraper pour faire quelques photos avec les nounous écroulées
de rire… Nous avons passé plus d’1 heure avec lui dans son orphelinat, il était
assez intimidé au départ mais s’est vite détendu, et il paraissait confiant.
Sur le trajet nous menant à sa sœur il s’est endormi allongé sur nous 2, épuisé
par le choc émotionnel de notre rencontre et du départ de sa maison.
Nous
avons ensuite rencontré notre fille. Elle est arrivée accompagnée de sa nounou,
son visage était fermé et elle s’est seulement mise à sourire lorsqu’elle a
aperçu son frère. Il a semblé lui dire qu’elle pouvait se détendre, du genre
« Vas-y, ils ont l’air sympas ». Elle a alors consenti à nous
regarder à la dérobée, et nous l’avons sentie méfiante mais aussi curieuse.
Nous étions dans un bureau avec la responsable de l’orphelinat, 2 nounous et
une assistante sociale, donc nous n’avons pas eu les mêmes moments privilégiés
qu’avec notre fils. La rencontre a été assez rapide, trop rapide même. Nous
n’avons pas eu la possibilité de vraiment vivre ce moment avec notre fille.
Elle est partie comme son frère, après un bisou à ses nounous elle a marché
vers la porte d’un pas décidé et ne s’est pas retournée.
Quelques
jours plus tard nous avons eu la chance de revoir ses 2 nounous, qui lui ont
remis un album de photos récentes, et quelques cadeaux. Nous avons pu profiter
de ce moment essentiel, et vivre ces instants comme un passage de témoin entre
ces 2 femmes qui ont pris soin de notre fille et nous.
Les débuts ? La vie de famille ?
Nous
avons fait connaissance les premiers jours, grâce à des jeux, des rituels, la piscine
de l’hôtel, etc… Les enfants avaient un lien fusionnel, dans lequel nous avons
petit à petit réussi à nous insérer sans les brusquer.
Durant
notre séjour dans le pays de naissance de nos enfants, nous avons tâtonné, nous
nous sommes découverts, nous avons accueilli les moments heureux comme les
moments de nostalgie des enfants. Ils réalisaient peu à peu ce qui était en
train de se jouer, et ont eu chacun leur tour des instants difficiles pendant
lesquels nous avons été là pour accompagner leur tristesse et la reconnaitre
car elle était bien légitime et compréhensible.
L’affection
envers nous est venue petit à petit. Un soir, ma fille s’est abandonnée dans
mes bras alors que nous rentrions du restaurant : c’était la première fois
qu’elle était aussi détendue, aussi naturelle, c’était la première fois qu’elle
laissait tomber sa carapace. Mon cœur a failli exploser, c’est ce soir-là que
je suis réellement devenue sa maman. Elle m’a adoptée doucement, par à coups,
par étapes, à sa manière.
Le
retour à la maison s’est très bien passé, les enfants ont vérifié tous les
détails sur les photos que nous leur avions montrées, et ils ont bien trouvé
leurs marques.
Nous
avons passé 4 mois à la maison, sans aucune contrainte. Pas de travail, pas
d’école, de très rares rendez vous. Du temps seulement pour nous 4, consacré à
jouer, à installer nos rituels et nos habitudes ensemble, à découvrir une vie
de famille (nouvelle pour tous les 4 !), à apprendre à faire du vélo, à
aller au zoo, à prendre le temps de créer un lien entre nous tous.
Les difficultés.
Notre
fille a eu 2 grosses crises de nostalgie depuis son arrivée en France :
elle pensait à sa nounou avec qui elle avait un lien très fort. Elle pleurait à
chaudes larmes, elle était inconsolable. Nous ne pouvions rien faire à part
nous relayer pour rester près d’elle et lui offrir nos bras. La première fois,
je lui ai parlé entre 2 sanglots : je lui ai dit que je la comprenais, que
sa nounou était une personne très importante pour elle, et qu’elle ne l’oublierait
jamais. Je lui ai également dit que plus jamais elle ne vivrait une séparation
aussi difficile parce que je resterai sa maman pour toujours. Elle m’a serrée
tellement fort ce soir-là… Aujourd’hui elle parle encore très souvent de sa
nounou mais elle n’a plus d’épisodes de grosse tristesse.
Les
premiers mois, notre fils avait un besoin énorme de maitrise : le temps
(connaitre l’heure, lui donner le temps de trajet, respecter l’horaire),
l’espace (visiter chaque recoin de tout nouveau lieu, ranger à l’extrême,
modifier la disposition de sa chambre 2 fois par jour, rester vigilant en
voiture pour repérer tous les trajets, etc…) et les gens (il a scruté les
photos de notre entourage de façon quasi compulsive, et il fallait lui
expliquer plusieurs fois qui étaient ces personnes pour le rassurer). Nous
l’avons laissé faire, il s’est détendu au fil des semaines et aujourd’hui sa
chambre est un champ de ruines dans lequel lui seul arrive à se retrouver…
Un moment marquant.
2
en fait.
Le
jour de notre arrivée à la maison, enfin à 4. Notre fille était épuisée après
un très long voyage et l’excitation de la découverte de son nouvel
environnement, elle s’est endormie comme une souche. Nous sommes restés à 3
avec son frère et il nous a dit dans sa langue maternelle avec un sourire
profond « moi heureux ».
Notre
fille adore dessiner. Environ 2 mois après notre arrivée en France, elle a
réalisé un dessin sur lequel elle nous a représentées toutes les 2, ainsi que
des pointillés pour faire une route qui nous reliait, et les drapeaux de la
France et de son pays natal. Elle m’a ensuite expliqué son dessin, pour me dire
qu’on s’était dirigées l’une vers l’autre. Un symbole très fort pour une petite
fille de 7 ans.
Encore un magnifique témoignage ! Celui-ci me touche d'autant plus que nos familles ont des similitudes. Votre fille me fait beaucoup penser à mon + grand fils. Je vous souhaite une belle vie de famille <3 Merci pour ce beau récit
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