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vendredi 8 décembre 2017

Mythes et tabous de l'adoption 2 : Notre rencontre, c'était le destin !


« Un fil rouge invisible relie ceux qui sont destinés à se rencontrer et ce, indépendamment du temps, de l'endroit ou des circonstances. Le fil peut s'étirer ou s'emmêler, mais il ne cassera jamais… »

On a tous entendu parler en adoption de la légende du fil rouge,  légende populaire d’Asie. Ce fil relie deux être destinés à s’aimer, quelle que soit la distance ou même les différences de richesses qui les séparent.

On retrouve la première trace écrite de cette légende en Chine sous la dynastie Tang (618-907) dans le recueil de contes Xu You Guailu de Li Fuyan.

Première version écrite de la légende :
Un beau soir, un jeune voyageur nommé Wei Gu de passage dans la ville de Songchen descendit dans une auberge pour la nuit. Devant l’entrée et sous le clair de lune il y rencontra un vieillard. Ce vieil homme était appuyé contre un sac en toile et consultait un livre étrange. Intrigué, Wei Gu l’interrogea, lui demandant ce qu’il y cherchait. Le vieillard lui répondit que ce livre contenait toutes les unions matrimoniales du monde. Il ajouta que le sac de toile contre lequel il était appuyé contenait des fils de soie rouge qui, une fois attachés aux pieds de deux personnes, les vouent à être époux, et ce quelle que soit la distance sociale ou géographique qui les sépare actuellement, même si leur familles sont ennemies jurées. Wei Gu lui demanda alors qui serait sa femme. Le vieillard lui répondit qu’il s’agissait de la petite fille de la marchande de légume. Pensant qu’il se moquait de lui, Wei Gu monta se coucher.
[Le lendemain, curieux, Wei Gu allât tout de même jeter un coup d’œil à l’étal de la vieille marchande de légumes. Il fût vexé de voir que la jeune fille était assez laide, il la poussa alors qu’elle passait à côté de lui avant de s’éclipser, énervé et honteux.
Bien des années plus tard, il épousa une jolie jeune femme et, comme le veut la tradition, il ne découvrit son visage que le soir du mariage. Elle avait une mouche entre les deux sourcils, intrigué, Wei Gu lui demanda pourquoi. Elle lui répondit que lorsqu’elle était petite un voyou l’avait faite tomber sur le front et qu’elle en avait gardé une cicatrice. Wei Gu réalisa que c’était lui le voyou dont elle parlait et que le vieil homme avait raison. Il lui confessa son histoire, qui parvint jusqu’au préfet de Songchen. Celui-ci décida de renommer l’auberge « l’auberge des fiançailles » et le vieillard sous la lune fut rapidement connu de tous. Wei Gu et sa femme, comprenant que leur union était prédestinée, décidèrent de ne jamais se disputer.

Cette histoire connait de nombreuses variantes, notamment à cause des différentes traductions. Le vieillard sous la lune est quant à lui considéré comme un dieu, son anniversaire est célébré le jour de la fête de la mi-automne (ou fête de la lune), le quinzième jour du huitième mois lunaire.

Credit photo fan de manga
   On retrouve également une variante de cette légende dans les cas d’adoption d’enfants, notamment ceux d’origine chinoise. Certains parents adoptifs déclarent que leur rencontre avec leur enfant n’est pas le fruit du hasard, certains évoquent même la légende du fil rouge, étendue aux liens familiaux.
Quand les liens se créent facilement, on est tenté de croire qu’il ne pouvait en être autrement. Peut-être a-t-on besoin de trouver un sens à une procédure éprouvante et longue.
   On vit effectivement dans une période de la maitrise, du contrôle des événements : on contrôle son poids, on contrôle ses émotions, on vise une perfection avec dans la parentalité des parents qui s’exposent sur les réseaux sociaux après avoir fait des ateliers Montessori, dans du coton bio sans aucune exposition à des écrans, et avec des enfants qui restent coiffés et propres ( !) toute la journée. Et ce peut être relativement culpabilisant que ce n'est pas notre cas.

   C'est paradoxal de parler de fil rouge finalement : le fil rouge implique qu'on laisse faire le destin. Que, d'une manière ou d'une autre, sans rien faire, on serait destinés à se trouver... Sauf que, en adoption, le destin est quand même bien aidé : on choisit de se lancer dans une procédure (on n'est pas obligé), on cherche un chemin, on s'active. Prenons un exemple : envoyer un dossier en Chine, lorsqu'on souhaite une petite fille chinoise, ce n'est plus trop du hasard à ce stade.
   En Adoptie, il existe une somme de choses que l’on ne peut maitriser : ni les coups politiques de certains pays qui conduisent à des fermetures provisoires, ni les vacances de l’employé de l’administration qui vient de recevoir notre dossier légalisé sur son bureau, ni surtout les origines et les circonstances de rencontre de nos enfants adoptés. Aller vers l'adoption, c'est aussi aller au hasard à la rencontre de quelqu'un, finalement, exactement comme une grossesse biologique, qui est le hasard de milliards de combinaisons possibles (même si en adoption comme en biologie, on a des éléments prédéfinis et choisis l’âge, l’état de santé, pays versus choix du partenaire, état de santé, origines).
Donc certains diraient qu'il y a bien une histoire de "destinée" et donc de fil rouge...

Et ce qu’on ne maîtrise pas, c’est douloureux. Pourtant la maitrise des événements ne permet pas d’éviter les écueils, les désillusions, les émotions comme la tristesse.
Cette histoire de fil rouge résonne aussi en nous parce qu’elle donne une espèce de continuité à l’histoire de nos enfants, qui peuvent parfois avoir l’impression d’une brisure de leur vie, et se demander « mais si… mes parents avaient eu de l’argent, si je n’avais pas été trouvé par la police, si… ». Et on voudrait tellement leur éviter la douleur de ces questions stériles. Après tout, est-il davantage un hasard d’être adopté quelque part que d’être né quelque part ?

 « Ce qui ressemble au hasard souvent est un rendez-vous » chante Francis Cabrel dans sa chanson Mademoiselle l’Aventure.


    On a d'un côté un "hasard" et des éléments finalement très maîtrisés (le projet, le pays).

    Donc parler de fil rouge, c'est quelque part nier que l'on a une responsabilité dans la construction de cette histoire. Croire au fil rouge, c’est se donner peut-être l’impression de n’avoir pas souffert pour rien, d’un côté comme de l’autre. C’est raconter une douce histoire à l’oreille de son enfant, mais n’est-ce pas aussi une façon de nier la responsabilité de chacun ? Est-on prédestiné à ouvrir son cœur à l’autre ou est-ce une attitude volontaire ? Quelles conséquences pour l’enfant de se construire avec une sensation encore plus forte que chacun de nous, d’avoir été le jouet du destin ?

lundi 16 octobre 2017

on lu pour vous 9: le Nid

Chaque année au printemps, l’oiselle et l’oiseau
font leur nid. Ils choisissent le meilleur endroit,
sélectionnent soigneusement chaque brindille
pour construire un cocon douillet à leurs petits.
Le temps passe et malgré leur persévérance,
leur nid reste vide.
La tristesse les envahit quand une arrivée inattendue
concrétise leur rêve.

Un album tout doux sur l’adoption.




http://www.editionslesminots.com/album-le-nid.php

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Nala

c'est un petit album très coloré qui parle surtout de l'attente, un couple qui n'attend que ça d’être parents, qui construit un nid pour accueillir un enfant qui ne semble jamais arriver. De ce point de vue j'ai trouvé en tant qu'adulte que c'était bien raconté, doux et pas trop niais. Du point de vue des enfants, je crois que mes enfants sont restés sur leur faim après la fin de l'histoire justement parce que ça parle surtout de l'attente. Quand on sait combien sont naturellement patient les enfants. ou en tout cas les miens!
en tout cas un bel effort pour parler de ce sujet qui nous tient à cœur,
à lire des le plus jeune age

lundi 9 octobre 2017

Mythes et tabous de l’adoption 1 : L’abandon est un acte d’amour



Il était une fois deux femmes
Qui ne s'étaient jamais rencontrées.
L'une dont tu ne te souviens pas,
L'autre que tu appelles « Maman ».

Deux vies différentes
Dans l'accomplissement d'une seule, la tienne.
L'une fut ta bonne étoile,
L'autre est ton soleil.

La première te donna la vie,
La seconde t'appris comment la vivre.
La première créa en toi le besoin d'amour,
La seconde fut là pour le combler.

L'une te donna tes racines,
L'autre te donna son nom.
La première te transmit ses dons,
La seconde te proposa un but.

L'une fit naître en toi l'émotion,
L'autre calma tes angoisses.
L'une reçut ton premier sourire,
L'autre sécha tes larmes.

L'une t'offrit en adoption,
C'est tout ce qu'elle pouvait faire pour toi.
L'autre pria pour avoir un enfant,
Et le destin la mena vers toi.

Et maintenant, quand en pleurant,
Tu me poses l'éternelle question,
Héritage naturel ou éducation ?
De qui suis-je le fruit?

Ni de l'une ni de l'autre mon enfant,
Tout simplement de deux formes différentes de l'AMOUR.

C’est beau… #awmonptitcoeurdemaman #larmichette (#toomuch ?)
Après une période où on condamnait les femmes et les hommes qui abandonnent leur bébé, il y a maintenant une tendance à présenter l’abandon comme un acte d’amour.
Il y a la version pays en guerre, abandon pour la protection de l’enfant, que l’on peut trouver dans Kung-Fu panda ou dans le très beau livre Moun de Rascal.

Et pourtant, on n’adopte pas dans les pays en guerre.
Il y a la version pauvreté, abandon pour la survie, celle du petit poucet.

Illustration de Ulises Wensell
Et pourtant, la moitié des enfants adoptés sont français.
Il y a la version de la jeune fille non mariée, qui perdra toute famille, toute existence sociale si elle garde cet enfant hors mariage, et veut pour lui une vraie famille.
Illustration de couverture de Messages de mères inconnues par Xinran
Et pourtant, plus d’enfants qu’on ne l’imagine sont abandonnés par des couples, pas forcément des marginaux, des personnes qui ont une activité professionnelle, une famille.
De l’autre côté on voit des enfants maltraités, affamés, mais pas abandonnés. Alors quoi ? L’équation impossibilité de bien s’occuper de l’enfant => abandon = acte d’amour n’est pas si simple.
L’abandon est sans doute réellement considéré comme un don dans certains cas. Jean-Vital de Monléon parle par exemple très bien la culture polynésienne au sein de laquelle les transferts d’enfants sont courants, considérés comme un don à l’enfant ou aux parents adoptants.


Et puis en tant que parent ou futur parent, on sait les dégâts du manque d’attention et d’affection, on aimerait tant y croire à cet amour, imaginer notre pitchou bien entouré, protéger son estime de lui, lui éviter d’avoir vécu cette douleur.

Illustration de Josée Masse
Il n’en reste pas moins que des femmes et des hommes choisissent de ne pas garder leur enfant. Et certes, c’est un choix qui peut être dicté par des contraintes d’une force voire d’une violence inimaginable. Un choix quand même. Qu’on ne peut sans doute pas, de notre position d’occidentaux privilégiés, appréhender, et encore moins juger.
Mais concrètement, quel choix on fait, nous, sur la façon d’aborder les choses devant notre enfant ?
L’enfant peut avoir été aimé (on ne le sait pas forcément), et abandonné, sans que ce soit lié. Il nous semble qu’il peut être dangereux de trop appuyer cette question d’abandon par amour.
Parce que lui, l’abandon, il l’a ressenti comme un déchirement.
Parce que si l’abandon est un acte d’amour, qu’est-ce qui lui dit que ses parents adoptifs, qui l’aiment beaucoup, ne l’abandonneront pas à leur tour ?
Enfin parce que, si l’abandon n’était pas un choix mais une décision imposée par des paramètres extérieurs comme la pauvreté, pourquoi ne pas avoir simplement donné de l’argent aux parents de naissance pour leur permettre de garder l’enfant ? Pourquoi, tant qu’on y est, ne pas résoudre la pauvreté dans le monde de la même façon…
Tout cela n’empêche pas d’aller prendre tout ce qui est beau dans l’histoire de notre enfant et de le souligner, de lui faire ressentir qu’il est chanceux et valeureux, sans nier qu’il n’a pas tiré des cartes faciles au départ.
 « Tu étais un super bébé, et je le sais pour une bonne raison, tous les bébés sont supers. Je peux t’imaginer, tout mignon avec des petits pieds et la peau douce, tellement adorable ! »
Illustration de Stéphanie Blake
 « Tu as des racines sur deux continents, celles de ta famille de là-bas plus les miennes, que je te donne. Tu te rends compte ? Tes racines font plus de 6 000 km ! Ce n’est pas tout le monde qui a des racines comme ça ! »
« L’anlgais est ta quatrième langue ! Tu as déjà appris trois langues, même si tu ne te rappelles pas tout ! Tu es trop fort-e ! »
Vous avez peut-être d’autres idées ?

lundi 2 octobre 2017

Deux attentes


La première attente pour la première adoption, elle est venue comme un immense espoir après les terribles attentes de l'infertilité. L'attente de tous les mois à serrer les fesses, l'attente dans le couloir de l’hôpital, l'attente avec les pieds dans les étriers.

Du coup, au début, on la trouve super sympa, cette nouvelle attente. Un monde s'ouvre à nous : tant à lire, tant à découvrir, tous ces gens à rencontrer, toutes ces discussions à avoir ! Et puis on est en 2008-2009, l'adoption internationale est en perte de vitesse mais il y a des procédures qui vont relativement vite encore. On sait, on sent, que si on est motivés, on va y arriver. De toute façon, on est totalement incapables de s'imaginer sans enfants, alors faut que ça marche, non ?

De fait, on trouve le chemin rapidement. Trois mois après l'agrément, un organisme nous dit oui, nous allons vous confier un enfant. On entre dans le concret : un pays, une procédure, des délais, on commence à voir où on va. Alors on attend dans la joie. On tricote des trucs, on ouvre un blog et on achète des clipos dans les vide-greniers. Tout est fun, c'est l'aventure. Il faut faire légaliser, surlégaliser, tamponner, c'est trop cool ce papier qui s'amoncelle, on va quelque part, on y croit boudiou !

Lorsqu'on reçoit le coup de fil magique, et très vite le dossier et la photo, ça devient à la fois plus passionnant et plus angoissant. On peut se poser trois mille nouvelles questions, projeter à fond et flipper un peu. On commence à acheter des habits, des objets du quotidien. On repeint les murs, on choisit le tapis, on fait la place, et on compte les jours sur le calendrier...

Et puis un jour l'organisme appelle pour dire que la procédure est bloquée. Qu'une personne qui est contre l'adoption internationale fait un barrage administratif dont on ne comprend pas bien les tenants et les aboutissants. Qu'ils font tout ce qu'ils peuvent et qu'on ne faut pas leur mettre des bâtons dans les roues par des protestations. Qu'il est inutile d'appeler, ils nous appellerons à la minute où ils ont du nouveau. Et là on réalise qu'on est toujours aussi impuissant devant des enjeux politiques qui nous dépassent. Et l'attente devient torture... plus de délai, plus même de certitude. Les habits deviennent trop petits, le nouveau tapis prend la poussière et on ne vit plus... jusqu'à la levée du blocage.

Cette attente (ou plutôt série d'attentes) a bien fini, mais elle nous a marqués. On réfléchit bien avant de se relancer, et quand on est surs de nous, on y va, en se disant bien que cette fois, on ne se laissera pas bouffer par l'attente, on se protègera et on protègera notre grand.

La deuxième attente est plus sournoise. On est déjà parent, ça nous prend moins aux tripes. Bien sûr, on aimerait très fort agrandir la famille, mais on sent qu'on est déjà une famille et on peut se projeter tous les trois. On est bien entendu très occupés avec le grand qui prend sa place et plus encore. On court de sport en musique en réunion de parents d'élèves, on achète des casseroles plus grandes et tous les habits commencent à prendre de la place dans le sous-sol.

On est en 2014, et les statistiques de l'adoption internationale commencent à approcher de très près les pâquerettes. En plus avec quelques années de plus et un enfant, on est de moins en moins prioritaires. On attend assez paisiblement, au refrain de "que sera sera".

On a déjà l'expérience. Il y a toujours des choses à préparer mais on a moins à découvrir. On a déjà lu tout Chicoine, tout Lemieux. On est devenu pro des papiers. On connaît l'employée de mairie qu'est pas godiche, les onglets du trieur sont déjà marqués, on numérise tout, on affranchit en ligne. Le grand dit qu'il voudrait bien des tas de frères et de sœurs, nous on dit que deux enfants ce sera déjà bien. Mais aucun chemin ne s'ouvre à nous.

Et un beau jour de 2016, on gagne au loto. Oui, ça fait bizarre, hein, mais c'est vraiment ça : on est tirés au sort par l'AFA. Deux ans et demi après le début, on retrouve un chemin, et un qui nous parle beaucoup. On entre à nouveau dans l'attente pleine d'espoirs, mais échaudés par les mésaventures -- les nôtres et celles d'autres. On attend sans y penser tous les jours mais notre cœur bondit dès qu'on entend parler du pays aux informations.

On attend sans attendre, on se prépare sans y croire tout à fait. Le grand dit que finalement il est OK pour un frère, mais une sœur hors de question, il ne jouera pas aux petits poneys. Le temps passe vite et on se refuse à mettre des échéances, mais quand même, plus de la moitié de notre agrément est déjà écoulée.

On attend et on sait que le jour où on recevra ce coup de fil -- s'il finit vraiment par arriver -- on s'engagera pour l'autre attente, celle avec la photo. Celle qui est tellement angoissante, celle où l'enfant grandit sur les photos, où on lira dans ses yeux qu'il ne comprend pas, qu'il n'y croit pas vraiment, et où on ne pourra rien faire pour lui, sinon repeindre sans chambre et choisir le tapis. Du coup on oscille : on veut que cette attente prenne fin, mais surtout la suivante ! Mais on ne veut pas non plus que le grand grandisse trop vite, quoi, le collège l'an prochain, déjà ?

Un jour on a mal au dos, au cou. On ne peut plus se tourner pour regarder la pendule devant la table du petit déjeuner. Ou on ne veut plus ? Le kiné dit : vous n'auriez pas des blocages en ce moment dans votre vie... ?

Alors on se lance dans la méditation on reprend le taïchi et... on va témoigner !

Mitzie

lundi 18 septembre 2017

Mon quotidien avec mon enfant séropositif

Tout d’abord, je voudrais dire que les enfants séropositifs adoptés au Vietnam bénéficient tous d’une prise en charge thérapeutique dans leur pays de naissance.

En amont, avant l’arrivée de l’enfant, bien penser à aller faire une visite à la COCA pour que déjà vous soyez mis en lien avec un spécialiste (infectiologue ou hématologue), afin que les choses se mettent plus facilement en route à l’arrivée.

Maintenant je vous raconte mon vécu !

A l’orphelinat, après la rencontre, nous avons eu un entretien avec la directrice et le docteur. Le médiateur de notre OAA était présent.
On nous a expliqué le déroulement d’une journée-type à l’orphelinat avec un écrit et puis on nous a donné le traitement de notre fils pour un mois (apparemment tous les orphelinats le font). Ouf ! Premier soulagement ! Ce traitement était sous forme de cachets, dont certains un peu gros à mon avis.
Nous sommes repartis avec notre fils à l’hôtel, il était environ 16 heures et dès le premier soir nous lui avons donné ses médicaments. Ce qui était drôle, c’est que c’est lui qui nous indiquait avec ses petits doigts le nombre de cachets à donner ! Malgré quelques crises de pleurs liées pour beaucoup à l’incompréhension de notre part de la langue viet, notre fils a toujours pris ses médicaments lors de notre séjour au Vietnam.

Le voyage retour nécessite un petit aménagement au niveau de l’heure de prise des médicaments, compte tenu du décalage horaire. Nous ne nous en sommes pas trop fait pour cela et lui avons donné les médicaments à l’arrivée à Roissy et avons régulé sur les jours suivants.
Bien penser à prendre avec vous l’ordonnance si vous souhaitez emporter les médicaments sur vous ou dans vos bagages à main ! Cela dit nous n’avions pas pris d’ordonnance, nous avions les médicaments sur nous et le portique n’a pas sonné et nous n’avons pas eu de fouille, mais mon cœur a battu très fort au moment du passage !

A l’arrivée en France, notre fils a eu un temps d’adaptation et les trois premières semaines, il a, en particulier le soir, beaucoup pleuré pour ne pas prendre ses médicaments (les grosses gélules). Nous n’avons (en apparence !) pas paniqué, et lui avons parlé tout doucement, il a toujours fini par les prendre, parfois au bout d’une heure !

Nous avons eu ensuite notre rendez-vous à la COCA et le traitement a été réajusté, le dosage étant souvent trop fort au Vietnam. Pour un dosage plus juste et une facilité de prise du traitement notre fils est passé au sirop et là, miracle, depuis ce jour il prend son traitement comme on se lave les dents, avec une facilité déconcertante. En plus il y en a un qui est « trop bon ! », il aime le prendre en dernier et le plus mauvais en premier !
Nous sommes habitué à ces prises quotidiennes, chaque matin et chaque soir. Pour l’heure nous n’avons pas oublié une seule fois. Et si jamais il nous venait à oublier, c’est notre fils qui me rappelle à l’ordre « eh maman, t’as oublié mes "caments" ! »
Quand nous sortons (rarement le soir la première année) par exemple pour le réveillon ou quand nous partons en vacances nous faisons suivre le traitement cela ne pose aucun souci.
Tous les 3 mois, puis tous les 6 mois, notre garçon a une prise de sang qui indique le taux de réplication du virus, et depuis qu’il est passé au sirop le virus est indétectable, alors qu'au Vietnam il était encore détectable.

Les dosages sont augmentés régulièrement, au fur et à mesure de sa croissance.
Comme les seringues ne vont que jusqu’à 10ml (pour que l’embout puisse entrer dans le bouchon livré avec les sirops), et que les dosages ont augmenté, nous sommes à 4 et bientôt 5 seringues matin et soir (pour 3 sirops). Cela commence à être une petite contrainte mais notre fils est encore trop petit pour passer aux gélules.

Les effets secondaires : pour nous, rien de ce que nous avait dit la COCA.
En revanche on constate que les dents de devant (bien les brosser après la prise du traitement, les sirops sont très sucrés et collent) ont un dépôt qui ne part pas au brossage (il va falloir faire du laser), mais pour l’heure l’émail n’est pas attaqué.
Notre fils souffre aussi d’une aérophagie, pas toujours facile à vivre en collectivité et cela est bien lié au traitement. Il existe pour cela un traitement pour diminuer ces effets indésirables, mais nous trouvons que notre fils a bien assez de médicaments comme cela... pour l’heure lui n’est pas gêné, nous verrons à sa demande.

Côté psychologique, à ce jour, tout se passe bien. Notre fils ne pose aucune question ; pour lui c’est naturel de prendre son traitement et je crois que cela a même participé à la création du lien entre lui et moi (c’est maman qui lui donne le traitement).

Concernant le secret, nous l'avons dit à la famille à et certains amis, une fois que notre garçon était dans nos vies et qu'il avait fait craquer tout le monde ! Cela a été très bien pris et nous avons même été surpris par quelques réactions positives que nous n'attendions pas. Nous constatons que les jeunes sont particulièrement réceptifs et tolérants.
Nous n’avons rien dit à l’école ni même au médecin scolaire qui a trouvé notre fils en pleine forme ("on voit qu’il se porte bien et qu’il n’est pas malade", dixit le médecin scolaire !!!).
Premier problème cependant avec la maîtresse qui insiste pour qu'il soit présent à un voyage scolaire de trois jours. Outre le fait que nous pensons que c’est trop tôt pour lui d’aller vivre avec un collectif pendant trois jours loin de ses parents, en plus notre fils ne veut surtout pas y aller, la prise du traitement qui est tout sauf discrète nous oblige à refuser le voyage scolaire. Pour l’heure, nous nous sommes appuyé sur l’adoption en elle-même, "trop fraîche".
Mais nous sentons bien que pour le prochain voyage cela sera un peu plus difficile à faire comprendre. Nous avons pris conseil auprès de la référente adoption du département, qui est aussi maman adoptante. Elle nous a conseillé de dire « pour raison médicale, il a un traitement, il ne peut pas venir, et on ne peut mettre en place un PAI », sans préciser pour autant la nature de sa maladie. Elle a déjà conseillé cela à des parents dans ce cas et cela a bien fonctionné.

Voilà pour notre petite expérience de 2 ans avec un enfant porteur du VIH.

Mais c’est avant tout un bonheur immense, on oublie au quotidien totalement sa maladie, on ne voit que notre trésor d’amour.
En revanche, ce qui me semble important pour notre fils comme pour tous les enfants dans son cas c’est de pouvoir rencontrer des enfants adoptés porteurs du virus, en particulier à l’adolescence, afin que chaque enfant puisse se reconnaître dans un camarade, une amie, et ne vive pas sa maladie comme quelque chose de honteux.


Si vous êtes intéressés par l'adoption au Vietnam d'un enfant séropositif, ou porteur d'une autre particularité de santé, vous pouvez demander à rejoindre le groupe facebook "Adoption Vietnam EBS".

lundi 11 septembre 2017

on a lu pour vous 8: Les questions de Célestine





Célestine est toute bizarre. Elle voudrait tout savoir sur sa naissance, mais n'ose pas le demander à Ernest, l'ours qui l'a recueillie et qui l'élève.

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Nala

Ernest l'ours mal léché et gourmand s'est vu devenir papa par adoption le jour où il a rencontré Célestine petite souris abandonnée. Le souci pour Ernest c'est d'en parler sans blesser Célestine, parce que voila Célestine a été trouvé dans une poubelle, pas facile à dire à une enfant! pourtant c'est avec justesse que ce petit livre tendrement croqué aborde ce délicat sujet: toute vérité est elle bonne à dire? garant de l'histoire de nos enfants adoptés, comment leur transmettre ce qui leur appartient sans induire de jugement ou de connotation négative? j'aime à penser que nos enfants peuvent entendre beaucoup s'ils sont accompagnés, et que les mots leurs sont choisi. Comme Ernest, beaucoup de parents se verront poser les questions les plus piquantes au moment le moins opportun. Fragilisé pour y répondre au vif, il faut parfois proposer d'y répondre plus tard pour réfléchir à ces mots.
un petit livre qu'on aime beaucoup,
et qui nous a fait aussi aller vers le film d'animation

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Del

J'avais acheté ce livre alors que notre première adoptée était encore toute petite, 3 ou 4 ans peut être... Mais je l'ai trouvé si bouleversant que j'ai préféré attendre avant de le lui lire.
Je me suis tellement retrouvée en l'ours Ernest... Sa difficulté à dire le vrai mot, le mot cru et franc, qui fait mal mais qu'il faut bien dire un jour... Son impossibilité à répondre à tant de questions... Qui ? Pourquoi ?
Finalement, j'ai laissé ce livre à disposition mais je ne n'en ai jamais fait la lecture aux enfants. C'est un livre merveilleux mais tellement à fleur de peau, si intime, que je trouvais presque inapproprié d'en faire une "lecture du soir", à moins qu'il vienne justement au bon moment, au moment où l'enfant formule lui aussi ces questions...

lundi 4 septembre 2017

On a vu pour vous 11: les as de la jungle

Les as de la jungle
une série animée française et un long métrage sorti en 2017
L'histoire est celle d'une équipe de super-justiciers chargés de défendre et de faire régner la paix dans la jungle. L'équipe est composée du leader Maurice, un manchot-tigre, surnommé « Grand Guerrier Tigre » accompagné du Junior, son fils adoptif, poisson-clown dans son bocal, de Miguel un gorille bleu, du scientifique tarsier Gilbert et de Batricia, chauve-souris secrètement amoureuse de Gilbert. Al et Bob, quant à eux, sont deux crapauds qui n’accompagnent pas les héros en mission mais restent à la base...
Dans le long métrage sortie en 2017, on apprend comment Maurice est devenu le Grand Guerrier Tigre : petit manchot orphelin, il a été adopté par Natacha, une maman tigre, elle même super justicière ! Il doit affronter un koala démoniaque avec l'aide son équipe et de sa maman...




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Tartine 
Mes enfants -et nous aussi- étant super fans de la série télé, nous sommes allés en famille voir le film cet été au ciné. Comme la série, c'est plein de gags, super dynamique et c'est -comme la série encore- toujours décalé. Et calibré pour plaire aussi bien aux enfants qu'aux adultes. Quant à l'évocation de l'enfance de Maurice, elle permet d'aborder son adoption et met l'accent sur cette famille élargie qu'il s'est créé avec ses copains justiciers. Mais ce qui est le plus touchant, c'est le fait que l'adoption (celle de Maurice et celle de Junior) y est complètement banalisée et naturelle. Et ça fait un bien fou.

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Nala

vu sur les conseils de Tartine, mes enfants ont adoré, c'est plein d'humour et effectivement très libéré sur l'adoption. A noter pour les toulousain(es) qu'un partenariat a été fait entre le studio de production (toulousain) et la mairie avec un parcours/chasse aux trésors dans la ville (3 euros dispo à l'office du tourisme ou au muséum) et une exposition temporaire au muséum d'histoire naturelle pour prolonger le plaisir! mes enfants ont adorés aussi donner suite à ces héros avec ses 2 manifestations.

lundi 28 août 2017

on a vu pour vous 10: Lion

Une incroyable histoire vraie : à 5 ans, Saroo se retrouve seul dans un train traversant l’Inde qui l’emmène malgré lui à des milliers de kilomètres de sa famille. Perdu, le petit garçon doit apprendre à survivre seul dans l’immense ville de Calcutta. Après des mois d’errance, il est recueilli dans un orphelinat et adopté par un couple d’Australiens.
25 ans plus tard, Saroo est devenu un véritable Australien, mais il pense toujours à sa famille en Inde.
Armé de quelques rares souvenirs et d’une inébranlable détermination, il commence à parcourir des photos satellites sur Google Earth, dans l’espoir de reconnaître son village.
Mais peut-on imaginer retrouver une simple famille dans un pays d’un milliard d’habitants ?

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Nala

pour l'heure, un des film qui m'aura le plus transporté sur le plan des émotions, bien sur parce que le thème de l'adoption me touche particulièrement mais aussi parce qu'il me semble impossible de rester de marbre face à cet enfant (oui même adulte on reste encore l'enfant de ses parents). Comment se construire avec cette vie d'avant, cet OMNI (objet manquant non identifié) dont témoignent souvent les adoptés majeurs? ses souvenirs dont on est le seul détenteur dans ce nouveau monde adoptif? comment parler de son histoire et de ses sentiments avec ses parents adoptifs? et comment travailler à ce retour aux origines?
les bémols de cette histoire si bouleversante sont que les conditions dans lesquelles le jeune Saroo est confié à un orphelinat puis à sa famille adoptive sont loin d’être les plus fréquentes (l'absence de volonté d'abandon d'un enfant par sa famille de naissance). De même que si dans son cas, il retrouve trace de sa vie d'avant, certains n'auront jamais de réponses à leurs questions ou trouveront des réponses bien moins glamour que celle d'une mère qui n'a jamais arrêté de l'attendre.
Malgré ses bémols, préparez vos mouchoirs et foncez le voir si ce n'est deja fait

lundi 21 août 2017

On a lu pour vous 7 : Une maman pour choco

Choco était un petit oiseau qui vivait tout seul. Il aurait bien voulu une maman. Il se mit en tête d'aller la chercher. Mais il ne savait pas à quoi elle ressemblait...


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Nala

accessible des 2/3 ans, peu de textes, mais des images parlantes, Choco cherche sa maman et commence ces recherches par les ressemblances, qui a la meme couleur? qui a les memes pattes que lui? etc.
mais finalement c'est celle qui lui ait la plus différente qui va lui proposer de devenir sa maman: mme Ourse deja maman d'un petit crocro, d'un petit cochon. Parce que les ressemblances ne sont pas nécessaire pour faire famille!
simple pour aborder le thème de la différence physique et de l'adoption, à conseiller aux parents adoptants et aux plus jeunes

lundi 14 août 2017

On a vu pour vous 10: Ernest et Célestine





Dans le monde conventionnel des ours, il est mal vu de se lier d'amitié avec une souris. Et pourtant, Ernest, gros ours marginal, clown et musicien, va accueillir chez lui la petite Célestine, une orpheline qui a fui le monde souterrain des rongeurs. Ces deux solitaires vont se soutenir et se réconforter, et bousculer ainsi l'ordre établi.

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Nala

en marge du thème de l'adoption, on retrouve Ernest et Célestine dans ce film d'animation qui reparle de leur rencontre mais aussi et surtout de leur amour bien qu'il soit peu commun. C'est une succession de petits évènements qui va les conduire à s'adopter et finalement à témoigner au grand jour de leur amour l'un pour l'autre loin des conventions sociales établies.
Un joli film sur l'acceptation de l'autre à voir des 5/6 ans et pour faire suite aux petits livres où on peut retrouver ces 2 personnages attachants
au delà des images j'aime beaucoup la musique un peu rétro

et par ici vous trouverez le site du film avec des coloriages à télécharger pour les amoureux d'Ernest et Célestine ici