-Année de l'adoption ?
2015
- Quel pays ?
Vietnam
- Age de l'enfant à son arrivée ?
2 ans et demi
- Votre profil ? Votre projet ? L'agrément?
Nous
avons commencé les démarches d'obtention de l'agrément en 2012, au bout
d'un an de mariage. J'avais alors 25 ans et mon mari 28 ans. Notre
projet s'est construit pour un (ou deux) enfant(s) de moins de six ans,
pouvant présenter une particularité "physique" (maladie ou handicap
n'entravant pas sa future autonomie), mais pas mentale. Nous étions
ouverts à toute origine, toute ethnie, sans préférence pour un pays.
Le
temps de l'agrément s'est bien passé, les travailleuses sociales
étaient très sympathiques, juste un peu surprises lorsque nous leur
avons dit que nous ne souhaitions pas vraiment de nourrisson à
pouponner. Malgré notre âge, nous nous sommes toujours beaucoup plus
projetés vers un enfant plus grand.
Nous avons obtenu notre agrément en juin 2013.
- Les OAA, l'apparentement ?
Après
quelques échanges infructueux avec l'AFA, nous avons décidé de nous
tourner vers des OAA. Le premier à qui nous avons envoyé notre dossier
s'est montré intéressé par notre profil et a officiellement retenu notre
candidature début 2014. Il comptait nous orienter vers la Chine, mais
nous avons du rapidement arrêter les démarches car ce pays n'a pas voulu
faire de dérogation par rapport à mon âge (27 ans au lieu des 30
exigés). Nous avons donc été réorientés vers le Vietnam, où notre
dossier s'est envolé en avril 2014.
Notre
OAA était très confiant par rapport à la réussite de notre projet. Il
nous a dit que nos ouvertures étaient "originales" dans la mesure où
nous acceptions beaucoup de particularités "visibles" (fentes
labio-palatines, agénésies, ...) et peu de particularités "invisibles"
(maladies infectieuses, pathologie cardiaque...).
Début
décembre, notre OAA nous a contacté pour vérifier avec nous quelques
détails liés aux particularités acceptées. Notamment une :
"Êtes-vous toujours OK pour une cécité unilatérale ?"
Cela
ne posait pas de problème. J'avais eu une collègue présentant cette
particularité, et cela ne la gênait pas dans la vie de tous les jours,
je ne m'en étais même pas aperçue avant qu'elle me le dise !
Le
15 décembre 2014, notre OAA a appelé mon mari. Quand je l'ai eu au
téléphone un peu plus tard, il m'a annoncé, très ému, qu'une petite
fille de deux ans nous attendait peut-être au Vietnam. Sa particularité ?
Elle était aveugle d'un œil. (Aaaah... tous les éléments se recollent
!)
Son
dossier médical a été communiqué à un spécialiste de notre choix, et le
18 décembre, nous avons confirmé officiellement à l'OAA que nous étions
partants ! Nous avons découverts de nombreuses photos et vidéos de
notre fillette, dans lesquelles elle jouait, riait, marchait... Parfaite
!
-Quelle prise en charge de l'enfant ?
Notre fille était placée
dans une structure spécialisée pour les enfants devant bénéficier de
soins particuliers, comme de la rééducation visuelle par exemple. Elle
s'y trouvait depuis très longtemps, et avait déjà passé plus d'examens
médicaux que moi dans toute ma vie. Sa déficience visuelle a été
vraisemblablement causé par une rubéole contractée in utero. Comme il
peut y avoir d'autres séquelles de cette maladie (cardiaques,
cérébrales, surdité), de nombreux tests avaient été menés pour que son
dossier médical soit le plus précis possible.
-La rencontre?
La
rencontre s'est déroulée comme un rêve. Notre fille y avait été bien
préparée, nous avions même des photos d'elle découvrant l'album photo
que nous lui avions envoyé.
Elle
a tout de suite reconnu son papa, en l'appelant ainsi en vietnamien.
Nous avons joué avec elle une demi-heure, je lui ai donné une bouillie
et son biberon, et hop ! Nous sommes repartis avec elle, en taxi. En
quelques instants, elle faisait partie de notre vie pour toujours
- Les débuts ? La vie de famille ? Les difficultés ?
Notre
fille était (et est toujours) très facile à vivre. Les débuts ont été
calmes, je pense. Nous avions essayé de nous préparer au pire, alors
tout semblait globalement facile.
Vivre
à l'hôtel, au Vietnam est ce qui m'a semblé le plus pesant je crois.
D'ailleurs, les quelques problèmes rencontrés (la faire manger
correctement, des terreurs nocturnes chaque nuit) ont cessé dès notre
arrivée à la maison.
La
vie à trois s'est instaurée tout naturellement, nous avons pu rester
plus de deux mois tous les trois à la maison, puis j'ai pris un congé
parental de six mois.
L'attachement mutuel s'est fait tranquillement, de son côté comme du nôtre, sans heurts, ni vite ni lentement.
Je
m'étais préparée au fait que mon enfant ne m'adopte que progressivement
et pas instantanément, mais pas à celui qu'il en irait peut-être de
même pour moi ! J'ai beaucoup culpabilisé au début car j'avais
l'impression de mal faire mon "travail" de maman à ce sujet.
Actuellement
j'ai une relation si fusionnelle avec ma fille que j'ai du mal à me
souvenir précisément de cette époque où elle m'était si étrangère !
Sa
particularité ne l'a jamais vraiment gênée à la maison, un peu plus
dans des endroits inconnus. Un an après son arrivée, nous avons
découvert avec surprise que son œil droit commençait à voir ! Elle porte
désormais des lunettes, car son "bon" œil est myope. L’œil droit, lui
ne peut pas vraiment bénéficier d'une correction, mais il voit un peu et
c'est déjà formidable !
-Un souvenir marquant ?
Quelques
mois après son arrivée, elle a du subir un examen de ses yeux sous
anesthésie générale. Quand je l'ai vu s'éloigner avec l'anesthésiste,
son doudou à la main, mon cœur s'est déchiré et j'ai pris pleinement
conscience de mon attachement si fort pour elle, de mon amour devenu
pleinement inconditionnel. A son réveil, très désorientée, elle ne s'est
calmée que lorsque l'infirmière l'a sortie de son lit pour la déposer
dans mes bras, tout contre moi, et j'ai pu mesurer combien moi aussi
j'étais importante pour elle.
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