-Année de l'adoption ?
2009
- Quel pays ?
- Quel pays ?
En
France, notre bébé était pupille de l’Etat suite à une naissance sous anonymat.
Mais nous avions à l'origine un dossier en Chine. Nous avons donc attendu près
de 4 ans en Chine et ré-orienté notre projet douloureusement dans un premier
temps, pour devenir parents d'une merveilleuse petite fille qui nous attendait
à deux pas de chez nous.
- Age de l'enfant à son arrivée ?
- Age de l'enfant à son arrivée ?
5
mois
- Votre profil ? Votre projet ? L'agrément
- Votre profil ? Votre projet ? L'agrément
Encore
assez jeunes, sans enfant, deux bons emplois bref tous les voyants étaient au
vert. Au départ nous souhaitions accueillir un enfant de toutes origines,
plutôt âgé de 2 / 3 ans. Nous n'avions pas de projet en France, ni de
nourrisson. La question d'une adoption nationale n'a même pas été évoquée.
L'agrément
a été une mascarade : 2 entretiens avec le travailleur social, sans aucun
intérêt, mais où nous avons compris que notre projet ne lui convenait pas et
qu'il nous faudrait l'amender. Pour abréger nous avons accepté un agrément
« le plus jeune possible » en nous disant que nous pourrions
finalement être libres d'accueillir un enfant plus âgé. Le rendez-vous avec le psychiatre a été tout
aussi ridicule, mais en plus très cher…
Entre
notre premier courrier et la réception de l'agrément : 16 mois ! Huit
mois pour rédiger un torchon bourré d'erreurs et qui nous a été communiqué
après l'agrément… Nous avons laissé le rapport tel quel mais n'avons pas eu le
choix avec le courrier du psychiatre qui comportait des fautes d'orthographe
dans notre patronyme. Cela a encore pris 2 mois pour qu'il transmette un
document pouvant prétendre à une traduction.
A
partir du jour d'obtention de l'agrément j'ai écrit quotidiennement un journal
d'attente car j'étais « traumatisée » à l'idée de ne plus me souvenir
ce que j'avais fait le jour de la naissance de mon enfant. Ecrire m'a beaucoup aidé et aujourd'hui j'ai
un recueil de plusieurs centaines de pages à transmettre à ma fille, si elle le
désire un jour.
- Les OAA,
l'apparentement ?
Nous avons
contacté une première série d'OAA. Sur les 10, 8 ont proposé un entretien. Nous
sommes allés au plus simple et avons monté un dossier en Chine avec l'OAA
rencontrée en premier. Il était annoncé entre 10 et 12 mois d'attente. Prudents
nous avons tablé sur 14 mois.
Au final si
nous avions du poursuivre en Chine, nous aurions du refaire un second agrément.
Pour moi cette attente à reculons est vite devenue insoutenable. Nous avons
tenté le Cambodge avec l'AFA pour ne pas nous éloigner trop de notre projet
d'origine.Et lorsque la Chine a levé l'exclusivité nous avons recontacté l'ASE.
Cette fois-ci, ce fût une merveilleuse rencontre avec une professionnelle
remarquable. Les échanges fûrent riches et constructifs. Nous avons aussi
découvert que notre antériorité était énorme car elle intégrait la période
d'instruction de l'agrément. Nous étions donc présentables de suite en Conseil
de famille !
Ce fût un choc
et nous avons pris quelques mois pour prendre notre décision en cheminant
chacun de notre côté. Ce fût très dur de faire le deuil de l'enfant de Chine.
Nous n'avions jamais envisagé d'avoir un bébé et nous repartions à zéro quand à
l'image mentale que nous pouvions nous en faire. De notre histoire chinoise
nous n'avons conservé que le projet d'avoir une fille.
Nous avons su
que le conseil de famille avait décliné une fois notre dossier mais au final
nous avons été appelés après 5 ans, 2 semaines et 5 jours de démarches. Quand
le téléphone a sonné j'étais à bout. C'était en septembre et nous avions décidé
de mettre fin à notre parcours, au plus tard en décembre tant la vie en suspend
me pesait. La nature de cet appel ? Au fond de moi je l'ai su
immédiatement avant que la juge me l'annonce.
Cinq jours
plus tard nous avons déjà pu consulter son dossier, la décrivant comme en grand
besoin de maternage. Après lecture et notre accord, nous avons pu découvrir sa
photo et rentrer avec ce seul portrait à la maison.Notre fille était en
pouponnière et nous l'avons rencontré encore 7 jours plus tard, soit 10 jours
après l'appel.
Quelle prise en charge
de l'enfant ? La rencontre
En
néo-nat pendant 5 jours, elle a ensuite été transférée en pouponnière, dans une
petite unité. Le personnel a été formidable avec notre fille. Elle a bénéficié
de soins en kinésithérapie. Décrite comme tendue et pleurant beaucoup au
départ, nous avons découvert un bébé très
calme. Son regard était perçant et vif, mais grave. Nous étions
clairement à l'essai !
Le jour de la
rencontre ce fût très court car elle était fatiguée. Nous étions avec la
référente de notre fille et notre assistante sociale. Je n'ai pas pu prendre ma
fille dans mes bras. Elle a eu un coup de foudre pour son papa et j'ai laissé
faire, me contentant de petites caresses. Néanmoins, je me souviens avoir écrit
dans son journal: « ton papa avait les gestes, et j'avais les
mots ». En sortant je suis allée faire des courses de puériculture mais
j'étais totalement perdue dans le magasin au milieu de mamans super averties.
Après
8 jours de visites quotidiennes en pouponnière, puis à la maison, nous avons
enfin débuté notre vie à trois.
- Les débuts ? La vie de
famille ? Les difficultés ?
La
période d'apparentement a constitué une vraie parenthèse enchantée. Le bonheur
que nous avons procuré, à nos proches et ceux qui nous avaient soutenus, a aussi suscité des moments très intenses.
Le
retour à la maison a été à la fois simple et difficile. Mon mari a pris
l'intégralité du congé d'adoption et moi j'avais repris des études donc je
pouvais assez bien gérer mon emploi du temps, mais pas la fatigue liée à ma
double tâche de mère et étudiante a pesée.
Je
ne vais pas mentir : j'ai totalement décompensée le lendemain de son
arrivée définitive au domicile. Ma fille était facile et donc je me sentais
d'autant plus coupable de ressentir son arrivée comme une certaine privation de
liberté. Mais je l'avais tellement voulue que j'ai tout enfoui. Heureusement
j'ai très vite réagi et rencontré mon médecin qui a trouvé que notre histoire
était quand même un tel bouleversement que l'on pouvait bien craquer un peu.
Encore aujourd'hui je ressens une grande culpabilité d'avoir eu ces difficultés
à devenir mère.
Néanmoins,
rapidement nous avons trouvé notre rythme à trois. La rencontre de notre
merveilleuse nounou a été aussi déterminante. Elle a pris soin de notre fille
pendant 3 ans, avec deux autres enfants. Nous nous voyons encore.
En
revanche, mon mari a chèrement payé son congé. Il a été licencié peu de temps
après son retour. Rien n'a été dit en ce sens mais c'était pourtant évident.
Bien entendu il ne regrette rien.
Notre
bébé était TRES facile à vivre : sommeil, alimentation, développement,
santé… et encore aujourd'hui notre poulette se montre heureuse, bien que très
cérébrale et sensible aux liens d'amitié.
Nous
sommes retournés à la pouponnière deux ans plus tard, un peu au hasard d'une
promenade. Nous avons été très bien reçus et ma fille a pu revoir son unité
avec sa référente. Nous n'avions qu'un modeste album de la maternité et de la
pouponnière. Se rendre à la pouponnière lui a permis de construire son histoire
et d'affirmer à 30 mois : « moi j'ai été deux bébés. Avant j'étais
R. à la pouponnière et après j'étais S. à la maison ».
Nous
avons aussi adressé, 3 ans après, un courrier et une photo à la maternité. Je
tenais à les remercier personnellement et à leur montrer que l'accueil réservé
à ma fille avait contribué aussi à en faire cette merveilleuse petite personne.
Un souvenir marquant ? Plutôt deux
Quand j'ai raccroché du fameux appel : je me suis assise et je
n'ai pas appelé immédiatement mon mari. J'ai gardé pendant une ou deux minutes
cette nouvelle pour moi, rien que moi. J'ai ressenti un tel soulagement, perdu
ce poids énorme qui pesait depuis si longtemps. J'étais si légère.
Nous étions ensemble depuis 9 mois et ce matin là je devais partir pour
faire ma soutenance en vue de mon diplôme. Ma puce était sur mes genoux juste
après son biberon. Elle a pris ma main délicatement et l'a porté à ses lèvres.
Son regard noir a plongé dans le mien et elle a déposé un doux baiser sur ma
main. C'était son premier baiser, la première fois où j'ai eu la certitude
qu'elle me disait à moi qu'elle m'acceptait pour être sa maman pour la vie,
qu'elle me disait : « Voilà je
t'ai adopté ».
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