Dans cette rubrique, nous vous proposons de retrouver régulièrement le témoignage d'une maman ou d'un papa adoptant sur son parcours, son chemin vers son enfant et sur leur adaptation commune...
-Année de l'adoption ?
-Année de l'adoption ?
2016
- Quel pays ?
- Quel pays ?
En France, notre bébé était pupille de l’Etat suite à une naissance sous le secret.
- Age de l'enfant à son arrivée ?
- Age de l'enfant à son arrivée ?
Environ de 3 mois
- Votre profil ? Votre projet ?
- Votre profil ? Votre projet ?
Au moment de la demande d’adoption nous avions étions dans la première partie de la trentaine. La démarche d’adoption a résulté d’un cheminement face à des échecs répétés de PMA (procréation médicalement assistée). Il est paru évident au fur et à mesure des années que nous voulions être parents, pas que je sois forcément enceinte, ni que notre enfant ait nos gênes. C’est une réflexion qui a mis des années à venir. La première fois qu’on nous a réellement parlé d’adoption, c’était au début des démarches de PMA et j’avais hurlé de colère sur la psychologue de la clinique.
Avant l’agrément, avant le dépôt de dossier, nous avons assisté à des réunions d’informations collectives organisées par le département. La première a été démoralisante mais nous a appris que nous avions le profil des couples éligibles à un bébé du département. Le temps d’attente annoncé était d’environ 5 ans.
Il a ensuite fallu compléter un dossier avec une lettre de motivation et assister à une autre réunion qui cette fois a plutôt était pour moi traumatisante. Il était question essentiellement des échecs d’adoption, des profils d’enfants atypiques. Cela a interrogé nos limites en terme de projet, de problématiques de santé, quelles soient physiques ou psychiques. Le tableau décrivant l’adoption internationale annonçait un chemin beaucoup plus compliqué que celui qu’on avait imaginé. Tout le monde me disait « ne t’inquiètes pas, ces réunions sont faites pour garder les personnes les plus motivées » C’était vrai au regard de notre âge mais à ce moment, je n’y croyais pas trop.
- L'agrément, les OAA, l'apparentement ?
Les entretiens d’agrément ont duré entre 6 et 9 mois avec des rendez-vous avec assistant social et psychologue du service adoption du département. L’agrément peut être déconcertant car c’est l’histoire de ses parents, sa propre enfance, son adolescence qui sont passés en revue (je dirais même au peigne fin). Les professionnels souhaitaient savoir le regard que nous avions en tant qu’adultes sur ces périodes de notre vie. Ensuite a été questionné notre couple, comment on se voyait en tant que parent l’un et l’autre, nos envies, nos habitudes, notre caractère. Il faut quand même se dévoiler ce qui n’est pas évident. J’avais très peur de ne pas faire comprendre qui j’étais, qui on était, nos émotions, notre projet de parentalité si bien qu’au départ j’étais sur la réserve. Je me suis sentie testée, titillée ce qui n’était pas forcément facile. J’ai aussi eu l’impression d’être jugée parfois. J’avais peur de ne pas convaincre sur mes capacités à être maman d’un enfant adopté.
Les rencontres et le groupe de parole d’une association d’adoptants ont été une précieuse aide et m’ont aidée à dédramatiser les mois d’agrément. Par la suite, les groupes de parole de cette association ont permis d’égrainer le temps, de construire notre démarche, d’échanger sur des questionnements, des doutes, de rencontrer d’autres couples dans la même situation. Au départ nous écoutions, prenions des notes. Ensuite, nous avons plus parlé. Nous avons vu les couples devenir parents au fur et à mesure. Cela a toujours été porteur d’espoir. Puis nous avons été dans les plus « vieux membres du groupe de parole » plutôt avec une position de conseil auprès des nouveaux qui comme nous au début stressaient sur plein de choses. La démarche d’adoption a en ce sens permis de belles rencontres. Nous y avons trouvé de la solidarité pour continuer à croire que notre enfant allait arriver un jour prochain. Cela fait du bien quand le moral baisse.
Nous avons sollicité l’adoption d’un enfant de 0 à 3 ans de préférence un bébé pupille. Nous ne souhaitions pas que ce soit un enfant déjà reconnu et confié par la suite en adoption. Notre projet était donc un enfant né sous le secret et de toute origine ethnique.
Le téléphone a sonné après le choix du conseil de famille. Au moment de l’Appel, j’ai ressenti l’une des plus grandes émotions de ma vie, un quasi évanouissement de bonheur, des vagues d’adrénaline énormes qui m’ont littéralement faite éclatée en sanglots de joie. Tout mon corps m’a montré que ce désir de maternité était ancré très fort en moi. C’était magique, magnifique.
Quelques jours après nous avons su le sexe de notre bébé par sa présentation en photo. C’était un petit garçon. Son comportement et son éveil nous ont été décrits. Nous avons posé quelques questions sur ses origines et ses premiers jours. Nous avons demandé si les parents biologiques avaient laissé un pli fermé ou pas pour que, s’il le souhaite, notre petit bout en connaisse un peu plus sur son début de vie.
Quelle prise en charge de l'enfant sur place ? (accueil, prise en charge médicale, préparation à l'adoption...)
Notre bébé a été pris en charge une semaine environ dans la maternité où il est né. Le personnel ou la maternité lui ont offert son premier doudou. Il a été pris en charge dans un service dédié et non par les différents professionnels de la maternité. Un album photo sur ces quelques jours a d’ailleurs été créé par le personnel de la maternité pour illustrer ces quelques jours. .Une puéricultrice de la pouponnière qui est devenue sa référente, est venue le chercher dans sa seconde semaine de vie. Notre bébé a été placé à la pouponnière du département. Là bas, il a vécu dans une unité de 5 enfants âgé de 0 à 2 ans et pour la plupart placés par le juge dans le cadre de mesures de protection. Il a connu la collectivité (dortoir, salle de repas et espace de jeux commun pour son unité) ce qui lui permet aujourd’hui de dormir dans le bruit peut être ?
D’un point de vue médical, la pédiatre de la pouponnière s’est chargée de lui trouver un lait digeste. Il a aussi eu des séances d’ostéopathie pour ses régurgitations et sa tête un peu plate (ce sont des petits soucis assez communs chez les bébés). L’ostéopathie visait aussi à le détendre car il avait tendance à être anxieux. La psychologue de la pouponnière l’a aussi rencontré tout au long de son séjour.
La préparation à l’adoption du côté de l’enfant … cela va être un peu théorique. Une fois le délai de rétractation de la mère de naissance de 2 mois passé, le personnel de la pouponnière a expliqué à notre petit garçon qu’il allait avoir un papa et une maman.
Après la décision du conseil de famille, la date de la rencontre a été décidée. Notre bébé a été installé dans une pièce pour lui tout seul, quelques nuits avant de nous rencontrer. La veille de ce grand jour, les professionnelles de son unité lui ont parlé de son papa et de sa maman qu’il allait bientôt rencontrer. Il parait que cela l’a détendu et qu’il a bien dormi.
On nous a expliqué que les enfants nés sous le secret se demandaient vers 1 mois et demie, 2 mois ce qu’il se passait, et qu’il y avait une période de petite déprime. Les professionnelles de la pouponnière ont apporté à notre bébé de l’affection, des câlins, de l’attention pour qu’il soit en mesure d’avoir confiance en son avenir, en nous et qu’il s’éveille en fonction de son âge.
- La rencontre ?
Quand on est arrivé dans la chambre, il dormait. Je l’ai trouvé petit. Sa référente a essayé de le réveiller « Petit bébé, papa et maman sont là ». Je crois avoir eu son premier regard interrogatif et ensuite il s’est étiré et a souri. J’étais émue et un peu béate.
Quand on est arrivé dans la chambre, il dormait. Je l’ai trouvé petit. Sa référente a essayé de le réveiller « Petit bébé, papa et maman sont là ». Je crois avoir eu son premier regard interrogatif et ensuite il s’est étiré et a souri. J’étais émue et un peu béate.
Lors de cette rencontre nous avons eu droit à des sourires charmeurs de notre bébé, rien que des sourires durant une heure. Je m’attendais à quelque chose de pas évident pour lui, c’était donc le contraire, le rêve ! Nous ne pouvions pas le toucher mais ces échanges de regards et de sourires ont été très forts ! Mon mari est ressorti de la pouponnière « ivre de bonheur », ayant du mal à marcher, titubant un peu. Il a eu un coup de foudre pour notre petit garçon. Moi ce jour là j’ai profité sans toutefois réaliser que c’était notre bébé.
Nous étions dans une rencontre médiatisée avec la puéricultrice référente de notre bébé, la psychologue de la pouponnière et notre psychologue dans le cadre du suivi adoption. Les deux psychologues se sont faites discrètes. Quant à la puéricultrice référente , notre bébé avait besoin de la savoir proche de lui. Les premiers jours, au son de sa voix, il s’apaisait .
- Les débuts ? La vie de famille ? Les difficultés ?
L’adaptation à la pouponnière a duré une semaine pour apprendre à connaitre les habitudes de notre petit, le prendre en charge dans les soins, faire le relais entre sa référente et nous. Les premiers changements de couches nous ont occasionné des « fou rires de baleine ». Le premier tee-shirt à passer a été une grande source de stress. Bébé a un peu bu la tasse au premier bain et on a même réussi à perdre une roue de la poussette lors de la balade dans le parc du domaine ! Cette première semaine ensemble a vraiment été celle de la découverte de notre bébé et de la transition entre l’environnement de la pouponnière et chez nous. Nous avons été conseillés, orientés, épaulés par sa référente qui au fur et à mesure s’est éclipsée pour nous laisser la place auprès de notre petit garçon.
Le samedi nous lui avons fait découvrir sa maison, sa chambre et le soir nous l’avons ramené à la pouponnière. A partir du dimanche, il était avec nous pour la vie. Nous sommes revenus le lundi matin à la pouponnière pour les « au revoir » aux professionnelles et aux autres enfants de son groupe. Cela n’a pas tardé, sa référente a dit qu’il était « passé à une autre vie avec son papa et sa maman maintenant ». Elle lui a écrit un mot sur le cahier de liaison que nous utilisions pour transmettre les informations. Elle lui a dit « au revoir » et nous a offert un album photo sur toute la période à la pouponnière. C’est une habitude du département pour ensuite raconter son histoire à notre enfant. Emouvant de le lire les commentaires. Ils montrent toute la chaleur humaine qui lui a été apportée.
Après plus d’une semaine entre chez nous et la pouponnière nous étions finalement fatigués au retour à la maison ! J’ai senti deux après midi d’épuisement. Au départ on s’est demandé comment on allait réussir à organiser nos journées avec ce tout nouveau bébé. Nous étions des parents en apprentissage, en formation, tout geste prenait du temps. Dégager des minutes pour arriver à cuisiner les premiers jours m’a semblé un effort considérable. Mon projet de saucisse lentilles s’est fini par exemple en gratin de pâtes réchauffées !
Au retour à la maison, mon mari s’est révélé être inquiet pour notre bébé. Et hop, la gastro nous a tous touchés après deux jours seulement ensemble. Gérer des pipettes de médicaments et des cris de bébés non stop toute une après midi, ça met directement dans le bain. Ensuite, bizarrement tout a semblé plus simple dans la gestion de notre quotidien.
Les difficultés ont juste été d’un point de vue de la santé de notre bébé avec ses petits tracas qu’il a depuis sa naissance. Notre petit a été patient et mignon avec nous. Nous avons eu droit à des sourires tous les jours, des areuh et des nuits complètes. On s’attendait à vivre quelque chose de difficile et en fait il s’est très vite adapté à nous et à son nouvel environnement.
Les services de l’adoption nous avaient demandé de favoriser la création du lien d’attachement en restant une semaine, plutôt tous les 3. Finalement assez rapidement, nous avons vu en petit comité, notre famille proche et nos amis. Tout le monde avait été prévenu que, tout comme nous au début, il ne fallait pas trop le toucher. Notre bébé est dès lors resté dans nos bras ou dans son transat lors de ces visites mais était intéressé de découvrir du monde. Il nous avait été aussi précisé de nous occuper au début de tous les soins : changes et biberons, ce que nous avons respecté. Il a été pris dans les bras au bout de 3 semaines. J’étais attentive à ses réactions, assez maman louve je crois, prête à surgir s’il en avait marre, s’il n’était pas bien. Pour le biberon on a attendu un mois et demie et c’est sa marraine qui lui a donné.
Les services de l’ASE ont vraiment insisté sur ces étapes, cette progression, pour permettre à notre bébé de trouver ses repères et de nous identifier comme ses parents. Nous avons tenu compte de ses réactions pour nous adapter car il faut aussi faire en fonction de son propre enfant.
Mon mari s’est senti papa le jour de la rencontre. De mon côté après la présentation de la photo qui m’avait chamboulée, j’ai arrêté de me poser des questions. Une semaine après son arrivée, mon petit garçon était une évidence.
Un souvenir marquant ? Il y en a plusieurs je crois.
Le troisième jour à la pouponnière, j’ai assisté à la naissance d’un papa. Lors du premier biberon que mon mari a donné, notre petit garçon avec ses grands yeux a eu un regard si intense et pur, plein d’innocence et sûrement d’attentes, que mon mari en a pleuré. C’était émouvant d’assister à cette création du lien entre deux. La journée a continué d’ailleurs avec une certaine complicité. Un bisous sur la tête quelques heures après a fait s’illuminer d’un sourire le visage de notre bébé.
Pour moi, ce sont les larmes de joie. Je ne pensais pas en avoir mais elles sont arrivées lors de mon cours de yoga environ un mois après que je sois maman. Notre petit garçon était à côté de moi, sur son tapis. Je l’entendais gazouiller, babiller et je savais qu’il me regardait. Au début du cours, lors de la relaxation les larmes de joie ce sont mises à déferler sur mes joues car ce bébé tant attendu était enfin là avec nous, avec moi. Je me suis dit que c’était magnifique ce que l’on vivait tous les 3 et qu’après peu de temps finalement ce lien d’attachement était déjà très fort. J’adore depuis m’allonger à côté de lui et me retrouver à quelques centimètres de sa tête. Je profite de son regard et de ses sourires. Je sens qu’il apprécie cette position assez complice qui d’ailleurs l’apaise quand il pleure.
oic
Merci beaucoup pour ce partage qui m'a donné la chair de poule et m'a émue. Il est aussi plein d'enseignements pour ce qui nous attend aussi.
RépondreSupprimerPlein de bonheur à vous trois.
mouchette