Il était une
fois deux femmes
Qui ne s'étaient
jamais rencontrées.
L'une dont tu ne
te souviens pas,
L'autre que tu
appelles « Maman ».
Deux vies
différentes
Dans
l'accomplissement d'une seule, la tienne.
L'une fut ta
bonne étoile,
L'autre est ton
soleil.
La première te
donna la vie,
La seconde
t'appris comment la vivre.
La première créa
en toi le besoin d'amour,
La seconde fut
là pour le combler.
L'une te donna
tes racines,
L'autre te donna
son nom.
La première te
transmit ses dons,
La seconde te
proposa un but.
L'une fit naître
en toi l'émotion,
L'autre calma
tes angoisses.
L'une reçut ton
premier sourire,
L'autre sécha
tes larmes.
L'une t'offrit
en adoption,
C'est tout ce
qu'elle pouvait faire pour toi.
L'autre pria
pour avoir un enfant,
Et le destin la
mena vers toi.
Et maintenant,
quand en pleurant,
Tu me poses
l'éternelle question,
Héritage naturel
ou éducation ?
De qui suis-je
le fruit?
Ni de l'une ni
de l'autre mon enfant,
Tout simplement
de deux formes différentes de l'AMOUR.
C’est beau… #awmonptitcoeurdemaman #larmichette
(#toomuch ?)
Après une période où on condamnait les femmes et les hommes
qui abandonnent leur bébé, il y a maintenant une tendance à présenter l’abandon
comme un acte d’amour.
Il y a la version pays en guerre, abandon pour la protection
de l’enfant, que l’on peut trouver dans Kung-Fu panda ou dans le très beau
livre Moun de Rascal.
Et pourtant, on n’adopte pas dans les pays en guerre.
Il y a la version pauvreté, abandon pour la survie, celle du
petit poucet.
Illustration de Ulises
Wensell
Et pourtant, la moitié des enfants adoptés sont français.
Il y a la version de la jeune fille non mariée, qui perdra
toute famille, toute existence sociale si elle garde cet enfant hors mariage,
et veut pour lui une vraie famille.
Illustration de couverture
de Messages de mères inconnues par Xinran
Et pourtant, plus d’enfants qu’on ne l’imagine sont
abandonnés par des couples, pas forcément des marginaux, des personnes qui ont
une activité professionnelle, une famille.
De l’autre côté on voit des enfants maltraités, affamés,
mais pas abandonnés. Alors quoi ? L’équation impossibilité de bien
s’occuper de l’enfant => abandon = acte d’amour n’est pas si simple.
L’abandon est sans doute réellement considéré comme un don
dans certains cas. Jean-Vital de Monléon parle par exemple très bien la culture
polynésienne au sein de laquelle les transferts d’enfants sont courants,
considérés comme un don à l’enfant ou aux parents adoptants.
Et puis en tant que parent ou futur parent, on sait les
dégâts du manque d’attention et d’affection, on aimerait tant y croire à cet
amour, imaginer notre pitchou bien entouré, protéger son estime de lui, lui
éviter d’avoir vécu cette douleur.
Illustration de Josée
Masse
Il n’en reste pas moins que des femmes et des hommes
choisissent de ne pas garder leur enfant. Et certes, c’est un choix qui peut
être dicté par des contraintes d’une force voire d’une violence inimaginable.
Un choix quand même. Qu’on ne peut sans doute pas, de notre position
d’occidentaux privilégiés, appréhender, et encore moins juger.
Mais concrètement, quel choix on fait, nous, sur la façon
d’aborder les choses devant notre enfant ?
L’enfant peut avoir été aimé (on ne le sait pas forcément),
et abandonné, sans que ce soit lié. Il nous semble qu’il peut être dangereux de
trop appuyer cette question d’abandon par amour.
Parce que lui, l’abandon, il l’a ressenti comme un
déchirement.
Parce que si l’abandon est un acte d’amour, qu’est-ce qui
lui dit que ses parents adoptifs, qui l’aiment beaucoup, ne l’abandonneront pas
à leur tour ?
Enfin parce que, si l’abandon n’était pas un choix mais une
décision imposée par des paramètres extérieurs comme la pauvreté, pourquoi ne
pas avoir simplement donné de l’argent aux parents de naissance pour leur
permettre de garder l’enfant ? Pourquoi, tant qu’on y est, ne pas résoudre
la pauvreté dans le monde de la même façon…
Tout cela n’empêche pas d’aller prendre tout ce qui est beau
dans l’histoire de notre enfant et de le souligner, de lui faire ressentir
qu’il est chanceux et valeureux, sans nier qu’il n’a pas tiré des cartes
faciles au départ.
« Tu étais un super bébé, et je le sais pour
une bonne raison, tous les bébés sont supers. Je peux t’imaginer, tout mignon
avec des petits pieds et la peau douce, tellement adorable ! »
Illustration de
Stéphanie Blake
« Tu as des racines sur deux continents,
celles de ta famille de là-bas plus les miennes, que je te donne. Tu te rends
compte ? Tes racines font plus de 6 000 km ! Ce n’est pas
tout le monde qui a des racines comme ça ! »
« L’anlgais est
ta quatrième langue ! Tu as déjà appris trois langues, même si tu ne te
rappelles pas tout ! Tu es trop fort-e ! »
Vous avez peut-être
d’autres idées ?
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