La Route sombre, de Ma Jian
La
province du Hubei, en Chine, dans les années 1990. Meili est une jeune
paysanne mariée à Kongzi, l’instituteur du village, lointain descendant
de Confucius. Ensemble, ils ont une fille, mais Kongzi, qui veut à tout
prix un fils pour poursuivre la lignée de sa célèbre famille, met à
nouveau Meili enceinte, sans attendre la permission légale. Commence
alors pour Meili un enfer où elle se voit contrainte de fuir avec son
mari et sa fille dans une longue cavale vers le Sud, fuyant les foudres
du planning familial…
Roman interdit en Chine (Ma Jian a quitté
son pays au milieu des années 1980), « La Route sombre » est une lecture
belle, mais dérangeante, inconfortable et parfois insoutenable. La
tragédie de Meili, qui va aller de déchéances en humiliations, de
violences physiques en violences psychiques -obligée aussi de résister
aux assauts de son mari, obsédé par l'idée d'une descendance masculine-
est le portrait d'une femme parmi d'autres, victimes de la barbarie et
de l'absurdité des hommes et de leurs lois.
Ma Jian décrit
sans concession le calvaire de Meili et de nombreux autres personnages
qui semblent parfois en plein rêve (ou plutôt en plein cauchemar)
éveillé. Tout en distillant, à travers le personnage de la jeune femme
-elle qui aspire à être une femme et pas juste une « porteuse »-
l'espoir d'une autre vie.
Roman sur les conséquences de la politique de l'enfant unique, « La Route sombre » est une lecture qui prend à la gorge.
Par « l’une des voix les plus importantes et les plus courageuses de la littérature chinoise contemporaine » (Gao Xingjian)
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