En amont, avant l’arrivée de l’enfant, bien penser à aller faire une visite à la COCA pour que déjà vous soyez mis en lien avec un spécialiste (infectiologue ou hématologue), afin que les choses se mettent plus facilement en route à l’arrivée.
Maintenant je vous raconte mon vécu !
On nous a expliqué le déroulement d’une journée-type à l’orphelinat avec un écrit et puis on nous a donné le traitement de notre fils pour un mois (apparemment tous les orphelinats le font). Ouf ! Premier soulagement ! Ce traitement était sous forme de cachets, dont certains un peu gros à mon avis.
Nous sommes repartis avec notre fils à l’hôtel, il était environ 16 heures et dès le premier soir nous lui avons donné ses médicaments. Ce qui était drôle, c’est que c’est lui qui nous indiquait avec ses petits doigts le nombre de cachets à donner ! Malgré quelques crises de pleurs liées pour beaucoup à l’incompréhension de notre part de la langue viet, notre fils a toujours pris ses médicaments lors de notre séjour au Vietnam.
Le voyage retour nécessite un petit aménagement au niveau de l’heure de prise des médicaments, compte tenu du décalage horaire. Nous ne nous en sommes pas trop fait pour cela et lui avons donné les médicaments à l’arrivée à Roissy et avons régulé sur les jours suivants.
Bien penser à prendre avec vous l’ordonnance si vous souhaitez emporter les médicaments sur vous ou dans vos bagages à main ! Cela dit nous n’avions pas pris d’ordonnance, nous avions les médicaments sur nous et le portique n’a pas sonné et nous n’avons pas eu de fouille, mais mon cœur a battu très fort au moment du passage !
A
l’arrivée en France, notre fils a eu un temps d’adaptation et les trois
premières semaines, il a, en particulier le soir, beaucoup pleuré pour
ne pas prendre ses médicaments (les grosses gélules). Nous n’avons (en
apparence !) pas paniqué, et lui avons parlé tout doucement, il a
toujours fini par les prendre, parfois au bout d’une heure !
Nous sommes habitué à ces prises quotidiennes, chaque matin et chaque soir. Pour l’heure nous n’avons pas oublié une seule fois. Et si jamais il nous venait à oublier, c’est notre fils qui me rappelle à l’ordre « eh maman, t’as oublié mes "caments" ! »
Quand nous sortons (rarement le soir la première année) par exemple pour le réveillon ou quand nous partons en vacances nous faisons suivre le traitement cela ne pose aucun souci.
Tous les 3 mois, puis tous les 6 mois, notre garçon a une prise de sang qui indique le taux de réplication du virus, et depuis qu’il est passé au sirop le virus est indétectable, alors qu'au Vietnam il était encore détectable.
Les dosages sont augmentés régulièrement, au fur et à mesure de sa croissance.
Comme
les seringues ne vont que jusqu’à 10ml (pour que l’embout puisse entrer
dans le bouchon livré avec les sirops), et que les dosages ont
augmenté, nous sommes à 4 et bientôt 5 seringues matin et soir (pour 3
sirops). Cela commence à être une petite contrainte mais notre fils est
encore trop petit pour passer aux gélules.
Les effets secondaires : pour nous, rien de ce que nous avait dit la COCA.
En
revanche on constate que les dents de devant (bien les brosser après la
prise du traitement, les sirops sont très sucrés et collent) ont un
dépôt qui ne part pas au brossage (il va falloir faire du laser), mais
pour l’heure l’émail n’est pas attaqué.
Notre fils souffre
aussi d’une aérophagie, pas toujours facile à vivre en collectivité et
cela est bien lié au traitement. Il existe pour cela un traitement pour
diminuer ces effets indésirables, mais nous trouvons que notre fils a
bien assez de médicaments comme cela... pour l’heure lui n’est pas gêné,
nous verrons à sa demande.
Côté psychologique,
à ce jour, tout se passe bien. Notre fils ne pose aucune question ;
pour lui c’est naturel de prendre son traitement et je crois que cela a
même participé à la création du lien entre lui et moi (c’est maman qui
lui donne le traitement).
Nous n’avons rien dit à l’école ni même au médecin scolaire qui a trouvé notre fils en pleine forme ("on voit qu’il se porte bien et qu’il n’est pas malade", dixit le médecin scolaire !!!).
Premier problème cependant avec la maîtresse qui insiste pour qu'il soit présent à un voyage scolaire de trois jours. Outre le fait que nous pensons que c’est trop tôt pour lui d’aller vivre avec un collectif pendant trois jours loin de ses parents, en plus notre fils ne veut surtout pas y aller, la prise du traitement qui est tout sauf discrète nous oblige à refuser le voyage scolaire. Pour l’heure, nous nous sommes appuyé sur l’adoption en elle-même, "trop fraîche".
Mais nous sentons bien que pour le prochain voyage cela sera un peu plus difficile à faire comprendre. Nous avons pris conseil auprès de la référente adoption du département, qui est aussi maman adoptante. Elle nous a conseillé de dire « pour raison médicale, il a un traitement, il ne peut pas venir, et on ne peut mettre en place un PAI », sans préciser pour autant la nature de sa maladie. Elle a déjà conseillé cela à des parents dans ce cas et cela a bien fonctionné.
Voilà pour notre petite expérience de 2 ans avec un enfant porteur du VIH.
Mais c’est avant tout un bonheur immense, on oublie au quotidien totalement sa maladie, on ne voit que notre trésor d’amour.
En revanche, ce qui me semble important pour notre fils comme pour tous les enfants dans son cas c’est de pouvoir rencontrer des enfants adoptés porteurs du virus, en particulier à l’adolescence, afin que chaque enfant puisse se reconnaître dans un camarade, une amie, et ne vive pas sa maladie comme quelque chose de honteux.
Si vous êtes intéressés par l'adoption au Vietnam d'un enfant séropositif, ou porteur d'une autre particularité de santé, vous pouvez demander à rejoindre le groupe facebook "Adoption Vietnam EBS".