Adopter un enfant séropositif au VIH ?
Qu'est-ce que c'est ?
Le VIH, tout le monde sait ce que c'est : c'est le virus qui cause une immunodéficience chez l'homme. L'immunodéficience, c'est l'incapacité de se défendre contre les maladies. Ainsi, une personne infectée par le VIH peut, si le virus est actif et a affaibli les défenses immunitaires, développer des maladies, appelées "maladies opportunistes". On parle alors de sida.
Quelle prise en charge ?
Un suivi régulier :
Une prise de sang tous les 3 mois, pour déterminer les taux de charge virale et de cd4 (les globules de défense immunitaire, qui sont attaqués par le VIH). Certains médecins ne demandent qu'une prise de sang tous les 6 mois.
Un traitement quotidien :
Le but du traitement antirétroviral (trithérapie) est de maintenir la charge virale à un niveau indétectable. La plupart des enfants sont mis sous traitement dès le plus jeune âge, sans attendre de symptôme.
C'est un traitement pas facile, car il n'est pas adapté aux jeunes enfants (gros comprimés ou sirop de très mauvais goût), et nécessitant une observance sans faille : une prise toutes les 12 heures, parfois une seule prise par jour. Si on décale d'une heure ou deux, ce n'est pas grave... Mais en cas d'oublis répétés, cela peut provoquer une résistance du VIH, et donc nécessiter un changement de traitement... Il existe plusieurs molécules, mais pas une infinité ! Les cas de résistance du VIH à la trithérapie sont en grande majorité dus à la mauvaise observance du traitement.
Il existe des effets secondaires au traitement, mais ils sont rares chez les enfants.
Une espérance de vie normale :
Si le suivi et le traitement sont rigoureusement appliqués, la charge virale reste indétectable et n'a pas de raison de remonter.
Un risque de transmission considéré comme nul :
Lorsque la charge virale est indétectable, le risque de transmission par un échange de sang par des plaies est pour ainsi dire nul. En revanche, selon les traitements, même avec une charge virale indétectable dans le sang, on retrouve un certain niveau de virus dans le sperme et la cyprine. Il est néanmoins possible d'adapter le traitement pour les couples sérodifférents qui désireraient concevoir un enfant sous la couette sans passer par la PMA.
Un secret à garder :
A qui le dire ? Attention, ne vous fiez pas aux apparences : certaines personnes qui ont pourtant un haut niveau d'études peuvent avoir un réflexe de peur irrationnelle.
Il est inutile d'en parler à l'école puisque le risque de transmission est nul. En parler serait au contraire risqué : stigmatisation, peur irrationnelle, mise à l'écart, divulgation...
Il est pourtant nécessaire de le dire à quelqu'un de proche, ne pas rester seuls avec ce secret qui peut peser très lourd... (et de toute façon, il suffit d'un week-end chez les grands-parents pour qu'ils voient les prises de médicaments...).
Une annonce à l'enfant par étapes :
C'est selon l'âge... il vaut mieux rester évasif au début, parler "d'un virus qu'on ne peut pas enlever, mais que le traitement peut empêcher d'aller partout" tant que l'enfant n'a pas conscience de la peur que suscite ce virus.
Ensuite, en général pour l'entrée au collège, on peut introduire les noms "VIH" et "sida". En tout cas, il faut en parler complètement avant l'adolescence.
Les services VIH / hépatites des hôpitaux proposent souvent un accompagnement psychologique.
Au quotidien ?
Le côté médical n'est aujourd'hui plus inquiétant : l'espérance et le confort de vie sont satisfaisants.
La principale difficulté, c'est la prise du traitement au quotidien. Pour un bébé, en général ça va, on trouve des astuces... Mais vers 8/10 ans, puis à l'adolescence, ça peut être particulièrement difficile, au point parfois de décider d'arrêter tout traitement, plutôt que de le suivre en pointillés (ce qui favoriserait les mutations résistantes), et ne le reprendre qu'en cas d'inquiétudes.
L'enfant peut également rencontrer des difficultés psychologiques et sociales, notamment à l'adolescence, à l'âge où on cherche à se mettre en danger... voire à mettre en danger les autres...
Pour bien cerner cette particularité...
Consultez un médecin spécialiste du VIH (souvent également spécialiste des hépatites) proche de chez vous pour bien comprendre quel sera le suivi proposé pour votre enfant.
Le médecin de la COCA dont vous dépendez doit pouvoir vous orienter.